Le labyrinthe des vies [FIC]
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Le labyrinthe des vies [FIC]
Prologue:
« Noon ! Attends-moi ! T’es pas gentil ! KYÔ ! »
Une fillette déboula dans l’allée menant au hall de la maison familiale. Elle courait aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. Sa longue natte blonde voltigeait derrière elle et le vent automnal s’amusait à jouer dans ses cheveux. Ca et là, des mèches rebelles se collaient à son visage pâle, énervant la petite fille. Devant elle courait Kyô, son cousin de quatre ans son aîné. Comme chaque après-midi, ils jouaient au « loup ». Bien entendu, il incombait toujours au plus petit d’entre eux d’être le « loup ». Lorsqu’ils ne jouaient pas avec leurs camarades de jeu, c’était bien entendu à Ayumi d’attraper son cousin.
« KYÔ ! J’en ai marre ! Je veux plus jouer ! Tu cours trop vite ! T’es méchant avec moi ! »
Ayumi s’arrêta brusquement sur le pallier de la grande maison. Elle tapa du pied, croisa les bras et afficha une mine boudeuse. Son joli minois était encore plus craquant lorsqu’elle faisait la tête. Ses prunelles violettes lançaient des éclairs et si ses yeux avaient été des révolvers, elles auraient tué Kyô. Ce dernier, entendant sa petite cousine protester et s’arrêter de courir, se retourna. A l’inverse d’Ayumi, il possédait des cheveux noirs impossible à coiffés. Son regard était foncé et son teint légèrement hâlé. Au premier abord, il était impossible de deviner qu’ils faisaient partie de la même famille.
« Ayumi-chan… C’est le jeu ! Tu dois m’attraper ! Tu dois suivre les règles ! »
Âge de neuf ans, le petit Kyô avait déjà un certain sens des règles. Il aimait lorsqu’elles étaient respectées ! Il s’avança vers Ayumi et croisa lui aussi les bras. Il fronça les sourcils. On aurait dit des ailes de corbeau. C’est à ce moment que la fillette fondit en larmes. Elle se laissa tomber assise au sol et pleurnicha.
« Mais tu es plus grand que moi ! Je peux pas courir vite ! Je suis fatiguée ! »
Conciliant, le garçonnet se dérida et s’accroupit en face de sa cousine. Il posa une main sur son épaule mais les pleurs de la petite fille redoublèrent d’intensité. Il finit par la prendre dans ses bras. Ayumi se calma presque immédiatement. Elle renifla piteusement et passa ses petites mains autour de son cousin.
« Pleure pas, Ayumi-chan… On va arrêter de jouer, d’accord ? On va aller goûter… »
Elle hocha la tête. Elle glissa sa petite main dans celle de Kyô et tous deux se rendirent à la cuisine où un en-cas les attendait…
Chapitre 1:
« MAMAN ! J’ai peur ! »
« La ferme, sale gosse ! Tu te tais ou je serai obligé de me fâcher sévèrement ! »
La fillette ferma fort les yeux. Quelque chose de froid se trouvait sous sa gorge. De froid, de coupant, de douloureux. Elle retenait ses larmes mais elles dévalaient ses joues pâles. De temps en temps, un petit gémissement lui échappait. Elle se mordait la lèvre très fort à mesure qu’elle sentait le couteau s’enfoncer contre sa gorge.
« Ne lui faites pas de mal, je vous en supplie ! »
Tohru, la mère d’Ayumi, venait de prendre la parole. Mais qu’avait fait son mari ? Pourquoi ses hommes étaient en colère ? Pourquoi s’en prendre à eux, êtres sans défense ? Pourquoi devaient-elles payer pour les erreurs de Seichihiro ? Tohru ne supportait pas de voir sa petite fille, son bébé, entre les mains de ces malfaiteurs ! Ils étaient entrés par effraction et la questionnait depuis quelques heures déjà.
« Où se trouve votre mari ? Et ne mentez pas ! »
« J’EN SAIS RIEN JE VOUS DIS ! J’ignore tout de ses activités ! » S’emporta la mère de famille.
« MAMAN ! J’ai peur ! » Répéta Ayumi.
« LA FERME ! »
Le couteau s’enfonça un peu plus sous la gorge de la petite fille. Cette dernière éclata en sanglots. Furieux, l’homme qui la retenait la gifla violemment. Ayumi se calma immédiatement, choquée. Sa joue pâle virait déjà au rouge cramoisi. Tohru grogna de mécontentement : personne n’a le droit de toucher à sa fille !
« Où est Seichihiro ? » Redemanda le chef de la bande.
« JE VOUS DIT QUE JE L’IGNORE ! Laissez-nous maintenant ! »
« MAMAN ! MAMAAAAAN ! »
Mais il était trop tard : le poignard s’était enfoncé dans le ventre de la jeune femme. Elle s’écroula et tomba lourdement au sol. Ayumi réussit à se libérer de l’étreinte de l’homme et elle se précipita vers sa mère. Une flaque de sang se formait déjà autour du corps. La fillette hurla, se débattit avec force, s’accrocha au cadavre de sa mère, mais rien n’y fit : le type avait plus de force qu’une gamine de six ans. Dans un geste désespéré, elle se raccrocha à la chaîne en or que Tohru portait. Cette dernière céda lorsque l’homme tira la petite fille vers lui. Il la chargea sur son épaule et la petite bande composée de quatre hommes quitta la maison, laissant là un corps baignant dans son sang…
« KYÔ ! AIDE-MOI ! KYÔ ! »
« Ey ! Ayumi, tu fous quoi ici ? »
« La ferme Rei ! Tu vois pas que tu m’emmerdes là ?! »
Une jeune fille de dix-sept ans aux allures rebelles fusilla un jeune homme arrogant du regard. Elle était affalée sur un banc, dans un square, en train de songer au passé. Son enfance, elle n’en gardait aucun souvenir. Qui étaient ses parents ? Elle l’ignorait. Avait-elle était heureuse avant ça ?
« Oh ! Calme, ma jolie ! T’excite pas comme ça, on n’est pas encore ce soir, tu sais ? » Répliqua narquoisement le dénommé Rei.
« Ta gueule je te dis ! »
Inconsciemment, elle se gratta le bras. Des traces d’injections étaient bien visibles. Ayumi devait à tout prix se trouvait de l’argent pour son fixe de tout à l’heure. Elle avait toujours été élevée dans ce milieu de drogués et elle n’en sortirait pas de sitôt ! Ses cheveux blonds jadis magnifiques étaient tout ternes et emmêlés. Elle était maigre comme un clou, devenue anorexique. Manger ne l’intéressait plus. Vivre ne l’intéressait plus. Ce banc lui convenait parfaitement ! Peut-être pourrait-elle y finir ses jours ?
« Faut que je me trouve du fric. Je vais bientôt être en manque. »
« En manque de quoi ? De sexe ? Je suis là, si c’est le cas ! »
« La ferme, espèce de con ignare et obsédé ! Tu sais très bien de quoi je parle ! »
Vexé, Rei fronça les sourcils. Ils ressemblaient à des ailes de corbeau. En le regardant, Ayumi fut parcourue d’un grand frisson. Puis, sans crier gare, le jeune homme embrassa goulûment la blonde. Cette dernière, écœurée, le repoussa brutalement. Elle se leva d’un bond.
« MAIS TU CAPTES CE QUE JE TE DIS OU QUOI ? Lâche-moi ! Je dois me trouver un client pour mon fixe de ce soir. »
Sur ces paroles, elle prit la direction du quartier où elle avait l’habitude de faire le tapin. Le premier client ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Un habitué. Elle le rencontrait au moins trois fois par semaine.
« Au même endroit ? »
« Oui, Ay-chan… »
Et ils prirent la direction de l’hôtel le plus huppé de la ville de Kyôto.
« KYÔ ! Téléphone pour toi ! »
« Mouais… Je descends… »
Kyô adorait faire la grasse matinée le samedi matin. Malheureusement, sa mère en avait décidé autrement. Il bâilla à s’en décrocher la mâchoire et il rejeta d’un coup de pied sa couverture. Elle tomba par terre mais il ne prit pas la peine de la remettre sur son lit. Son regard se porta durant une seconde sur sa table de nuit. Une photo de sa cousine disparue il y a onze ans se trouvait dans un joli cadre argenté.
« Salut cousine… » Murmura-t-il, mélancolique.
Il descendit rapidement les escaliers de la maison familiale, l’esprit plein de souvenirs de son enfance. Tout avait été si parfait jusqu’à ses dix ans ! Il se rappellerait toute sa vie du jour où ses parents lui avaient annoncé avec gravité que Tohru, sa tante, avait été assassiné et sa cousine Ayumi portée disparue. Quelques mois plus tard, on retrouvait le corps de Seichihiro à la mer, à des kilomètres de Tôkyô.
Un lourd soupir lui échappa au moment où il prenait le combiné.
« Oui ? »
« Ey ! Kyô-kun ! Alors, tu fais la grasse matinée ? Et tes potes, tu les oublies ? »
« Ah ! Kakéru, c’est toi… »
« Oui ! Ou du moins, sa voix ! Ecoute, je me suis rendu en cours ce matin, puisque j’ai dû rattraper mon examen de japonais. Et devine ce que j’y ai appris ? »
« Viens-en aux faits, Kakéru… »
« Très bien, tête de linotte ! Bon, notre classe organise un voyage scolaire de deux semaines à Kyôto ! Tu te rends compte ! »
Il fallut quelques instants à Kyô pour réaliser la chose. Un voyage scolaire, à Kyôto ? Ouah ! Ce n’était pas possible ! Il avait tellement envie d’y aller ! Il n’était pas parti en vacances depuis… Depuis que sa cousine avait disparu. Sa bonne humeur s’effrita rapidement. Il se renfrogna et son visage se ferma.
« Mouais… Je sais pas… Ca ne me dit rien… »
« KYÔ-KUN ! Tu ne peux pas me laisser tomber ! On va se trouver des conquêtes là-bas et Dieu seul sait le succès que tu as auprès des filles ! Au fait, comment ça se fait que tu n’aies pas encore de copine, hein ? »
« J’veux pas m’encombrer d’une gonzesse ! Va-y sans moi. »
« Holà ! Calme-toi ! Ecoute, je pense que tu devrais réfléchir. Appelle-moi lorsque tu auras les idées en place, et réveille-toi ! »
« C’est ça, salut. »
Il raccrocha, morose. Yama, la mère de Kyô, soupira. Elle avait écouté la moitié de la conversation. Elle regarda son fils et se passa une main dans les cheveux.
« Tu devrais y aller. »
« Maman ! Je… Non ! Je veux pas… »
Yama savait ce qui n’allait pas, pourquoi Kyô était réticent quant à participer à ce voyage scolaire. Elle s’avança et posa une main sur son épaule.
« Kyô… Ca fait onze ans… Ta cousine ne réapparaîtra pas. Oublie-la, vis ta vie. Tu ne dois pas te priver de rencontrer des filles à cause d’elle ! Elle appartient au passé ! »
« Et bien moi, je ne renierai pas mon passé ! Ayumi vivra toujours en moi ! »
Rageur, il quitta sa mère et retourna dans sa chambre. Il se jeta sur son lit et se cacha sous sa couverture. Et là, il pleura toutes les larmes de son corps…
(Fin du premier chapitre)
Pour s'y retrouver:
Gras = Ayumi
Rouge = Kyô
Violet = Yama, la mère de Kyô
Bleu = Tohru, la mère d'Ayumi
Indigo = Rei, un ami d'Ayumi
Rouge foncé = Kakéru, un ami de Kyô
Orange = le chef de la bande qui s'est introduite chez Ayumi
Vert = l'homme qui tient Ayumi
Olive = un des clients habitués d'Ayumi
« Noon ! Attends-moi ! T’es pas gentil ! KYÔ ! »
Une fillette déboula dans l’allée menant au hall de la maison familiale. Elle courait aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. Sa longue natte blonde voltigeait derrière elle et le vent automnal s’amusait à jouer dans ses cheveux. Ca et là, des mèches rebelles se collaient à son visage pâle, énervant la petite fille. Devant elle courait Kyô, son cousin de quatre ans son aîné. Comme chaque après-midi, ils jouaient au « loup ». Bien entendu, il incombait toujours au plus petit d’entre eux d’être le « loup ». Lorsqu’ils ne jouaient pas avec leurs camarades de jeu, c’était bien entendu à Ayumi d’attraper son cousin.
« KYÔ ! J’en ai marre ! Je veux plus jouer ! Tu cours trop vite ! T’es méchant avec moi ! »
Ayumi s’arrêta brusquement sur le pallier de la grande maison. Elle tapa du pied, croisa les bras et afficha une mine boudeuse. Son joli minois était encore plus craquant lorsqu’elle faisait la tête. Ses prunelles violettes lançaient des éclairs et si ses yeux avaient été des révolvers, elles auraient tué Kyô. Ce dernier, entendant sa petite cousine protester et s’arrêter de courir, se retourna. A l’inverse d’Ayumi, il possédait des cheveux noirs impossible à coiffés. Son regard était foncé et son teint légèrement hâlé. Au premier abord, il était impossible de deviner qu’ils faisaient partie de la même famille.
« Ayumi-chan… C’est le jeu ! Tu dois m’attraper ! Tu dois suivre les règles ! »
Âge de neuf ans, le petit Kyô avait déjà un certain sens des règles. Il aimait lorsqu’elles étaient respectées ! Il s’avança vers Ayumi et croisa lui aussi les bras. Il fronça les sourcils. On aurait dit des ailes de corbeau. C’est à ce moment que la fillette fondit en larmes. Elle se laissa tomber assise au sol et pleurnicha.
« Mais tu es plus grand que moi ! Je peux pas courir vite ! Je suis fatiguée ! »
Conciliant, le garçonnet se dérida et s’accroupit en face de sa cousine. Il posa une main sur son épaule mais les pleurs de la petite fille redoublèrent d’intensité. Il finit par la prendre dans ses bras. Ayumi se calma presque immédiatement. Elle renifla piteusement et passa ses petites mains autour de son cousin.
« Pleure pas, Ayumi-chan… On va arrêter de jouer, d’accord ? On va aller goûter… »
Elle hocha la tête. Elle glissa sa petite main dans celle de Kyô et tous deux se rendirent à la cuisine où un en-cas les attendait…
Chapitre 1:
« MAMAN ! J’ai peur ! »
« La ferme, sale gosse ! Tu te tais ou je serai obligé de me fâcher sévèrement ! »
La fillette ferma fort les yeux. Quelque chose de froid se trouvait sous sa gorge. De froid, de coupant, de douloureux. Elle retenait ses larmes mais elles dévalaient ses joues pâles. De temps en temps, un petit gémissement lui échappait. Elle se mordait la lèvre très fort à mesure qu’elle sentait le couteau s’enfoncer contre sa gorge.
« Ne lui faites pas de mal, je vous en supplie ! »
Tohru, la mère d’Ayumi, venait de prendre la parole. Mais qu’avait fait son mari ? Pourquoi ses hommes étaient en colère ? Pourquoi s’en prendre à eux, êtres sans défense ? Pourquoi devaient-elles payer pour les erreurs de Seichihiro ? Tohru ne supportait pas de voir sa petite fille, son bébé, entre les mains de ces malfaiteurs ! Ils étaient entrés par effraction et la questionnait depuis quelques heures déjà.
« Où se trouve votre mari ? Et ne mentez pas ! »
« J’EN SAIS RIEN JE VOUS DIS ! J’ignore tout de ses activités ! » S’emporta la mère de famille.
« MAMAN ! J’ai peur ! » Répéta Ayumi.
« LA FERME ! »
Le couteau s’enfonça un peu plus sous la gorge de la petite fille. Cette dernière éclata en sanglots. Furieux, l’homme qui la retenait la gifla violemment. Ayumi se calma immédiatement, choquée. Sa joue pâle virait déjà au rouge cramoisi. Tohru grogna de mécontentement : personne n’a le droit de toucher à sa fille !
« Où est Seichihiro ? » Redemanda le chef de la bande.
« JE VOUS DIT QUE JE L’IGNORE ! Laissez-nous maintenant ! »
« MAMAN ! MAMAAAAAN ! »
Mais il était trop tard : le poignard s’était enfoncé dans le ventre de la jeune femme. Elle s’écroula et tomba lourdement au sol. Ayumi réussit à se libérer de l’étreinte de l’homme et elle se précipita vers sa mère. Une flaque de sang se formait déjà autour du corps. La fillette hurla, se débattit avec force, s’accrocha au cadavre de sa mère, mais rien n’y fit : le type avait plus de force qu’une gamine de six ans. Dans un geste désespéré, elle se raccrocha à la chaîne en or que Tohru portait. Cette dernière céda lorsque l’homme tira la petite fille vers lui. Il la chargea sur son épaule et la petite bande composée de quatre hommes quitta la maison, laissant là un corps baignant dans son sang…
« KYÔ ! AIDE-MOI ! KYÔ ! »
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« Ey ! Ayumi, tu fous quoi ici ? »
« La ferme Rei ! Tu vois pas que tu m’emmerdes là ?! »
Une jeune fille de dix-sept ans aux allures rebelles fusilla un jeune homme arrogant du regard. Elle était affalée sur un banc, dans un square, en train de songer au passé. Son enfance, elle n’en gardait aucun souvenir. Qui étaient ses parents ? Elle l’ignorait. Avait-elle était heureuse avant ça ?
« Oh ! Calme, ma jolie ! T’excite pas comme ça, on n’est pas encore ce soir, tu sais ? » Répliqua narquoisement le dénommé Rei.
« Ta gueule je te dis ! »
Inconsciemment, elle se gratta le bras. Des traces d’injections étaient bien visibles. Ayumi devait à tout prix se trouvait de l’argent pour son fixe de tout à l’heure. Elle avait toujours été élevée dans ce milieu de drogués et elle n’en sortirait pas de sitôt ! Ses cheveux blonds jadis magnifiques étaient tout ternes et emmêlés. Elle était maigre comme un clou, devenue anorexique. Manger ne l’intéressait plus. Vivre ne l’intéressait plus. Ce banc lui convenait parfaitement ! Peut-être pourrait-elle y finir ses jours ?
« Faut que je me trouve du fric. Je vais bientôt être en manque. »
« En manque de quoi ? De sexe ? Je suis là, si c’est le cas ! »
« La ferme, espèce de con ignare et obsédé ! Tu sais très bien de quoi je parle ! »
Vexé, Rei fronça les sourcils. Ils ressemblaient à des ailes de corbeau. En le regardant, Ayumi fut parcourue d’un grand frisson. Puis, sans crier gare, le jeune homme embrassa goulûment la blonde. Cette dernière, écœurée, le repoussa brutalement. Elle se leva d’un bond.
« MAIS TU CAPTES CE QUE JE TE DIS OU QUOI ? Lâche-moi ! Je dois me trouver un client pour mon fixe de ce soir. »
Sur ces paroles, elle prit la direction du quartier où elle avait l’habitude de faire le tapin. Le premier client ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Un habitué. Elle le rencontrait au moins trois fois par semaine.
« Au même endroit ? »
« Oui, Ay-chan… »
Et ils prirent la direction de l’hôtel le plus huppé de la ville de Kyôto.
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« KYÔ ! Téléphone pour toi ! »
« Mouais… Je descends… »
Kyô adorait faire la grasse matinée le samedi matin. Malheureusement, sa mère en avait décidé autrement. Il bâilla à s’en décrocher la mâchoire et il rejeta d’un coup de pied sa couverture. Elle tomba par terre mais il ne prit pas la peine de la remettre sur son lit. Son regard se porta durant une seconde sur sa table de nuit. Une photo de sa cousine disparue il y a onze ans se trouvait dans un joli cadre argenté.
« Salut cousine… » Murmura-t-il, mélancolique.
Il descendit rapidement les escaliers de la maison familiale, l’esprit plein de souvenirs de son enfance. Tout avait été si parfait jusqu’à ses dix ans ! Il se rappellerait toute sa vie du jour où ses parents lui avaient annoncé avec gravité que Tohru, sa tante, avait été assassiné et sa cousine Ayumi portée disparue. Quelques mois plus tard, on retrouvait le corps de Seichihiro à la mer, à des kilomètres de Tôkyô.
Un lourd soupir lui échappa au moment où il prenait le combiné.
« Oui ? »
« Ey ! Kyô-kun ! Alors, tu fais la grasse matinée ? Et tes potes, tu les oublies ? »
« Ah ! Kakéru, c’est toi… »
« Oui ! Ou du moins, sa voix ! Ecoute, je me suis rendu en cours ce matin, puisque j’ai dû rattraper mon examen de japonais. Et devine ce que j’y ai appris ? »
« Viens-en aux faits, Kakéru… »
« Très bien, tête de linotte ! Bon, notre classe organise un voyage scolaire de deux semaines à Kyôto ! Tu te rends compte ! »
Il fallut quelques instants à Kyô pour réaliser la chose. Un voyage scolaire, à Kyôto ? Ouah ! Ce n’était pas possible ! Il avait tellement envie d’y aller ! Il n’était pas parti en vacances depuis… Depuis que sa cousine avait disparu. Sa bonne humeur s’effrita rapidement. Il se renfrogna et son visage se ferma.
« Mouais… Je sais pas… Ca ne me dit rien… »
« KYÔ-KUN ! Tu ne peux pas me laisser tomber ! On va se trouver des conquêtes là-bas et Dieu seul sait le succès que tu as auprès des filles ! Au fait, comment ça se fait que tu n’aies pas encore de copine, hein ? »
« J’veux pas m’encombrer d’une gonzesse ! Va-y sans moi. »
« Holà ! Calme-toi ! Ecoute, je pense que tu devrais réfléchir. Appelle-moi lorsque tu auras les idées en place, et réveille-toi ! »
« C’est ça, salut. »
Il raccrocha, morose. Yama, la mère de Kyô, soupira. Elle avait écouté la moitié de la conversation. Elle regarda son fils et se passa une main dans les cheveux.
« Tu devrais y aller. »
« Maman ! Je… Non ! Je veux pas… »
Yama savait ce qui n’allait pas, pourquoi Kyô était réticent quant à participer à ce voyage scolaire. Elle s’avança et posa une main sur son épaule.
« Kyô… Ca fait onze ans… Ta cousine ne réapparaîtra pas. Oublie-la, vis ta vie. Tu ne dois pas te priver de rencontrer des filles à cause d’elle ! Elle appartient au passé ! »
« Et bien moi, je ne renierai pas mon passé ! Ayumi vivra toujours en moi ! »
Rageur, il quitta sa mère et retourna dans sa chambre. Il se jeta sur son lit et se cacha sous sa couverture. Et là, il pleura toutes les larmes de son corps…
(Fin du premier chapitre)
Pour s'y retrouver:
Gras = Ayumi
Rouge = Kyô
Violet = Yama, la mère de Kyô
Bleu = Tohru, la mère d'Ayumi
Indigo = Rei, un ami d'Ayumi
Rouge foncé = Kakéru, un ami de Kyô
Orange = le chef de la bande qui s'est introduite chez Ayumi
Vert = l'homme qui tient Ayumi
Olive = un des clients habitués d'Ayumi
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
Chapitre 2
« Dis Kyô, est-ce que tu m’aimes ? »
C’est une petite voix fluette qui posa cette question. Kyô, âgé de dix ans, regarda sa petite cousine. Il lui passa une main dans les cheveux et lui sourit tendrement. Ils se trouvaient dans la salle de jeux, à plat ventre au sol. Devant eux se trouvait un jeu de « Memory ». Ayumi était très douée à ce jeu. Pour le moment, elle menait la partie. La question qu’elle avait posée était bien impromptue. Ses grands yeux bleus étaient posés sur son cousin.
« Mais bien sûr que je t’aime ! Tu sais bien que tu es la seule fille intelligente de toute la terre. Donc, y’a que toi que je peux aimer ! »
Le garçonnet ria de bon cœur, comme s’il venait de dire une bonne blague. Il retourna deux cartes carrées et il constata que la même image était représentée sur les deux cartons. Il sourit et les ajouta à son tas.
« Kyô-kun, je suis pas la plus intelligente… »
Elle tourna à son tour deux cartes. Les mêmes. Elle les ajouta à son tas. Kyô pouffa de rire et s’empara d’un biscuit qui se trouvait dans le bol près d’eux. Il le fourra dans sa bouche et il s’en mit plein le visage. Il venait de prendre un biscuit au chocolat. Ses préférés.
« Alors si tu n’es pas la plus intelligente, tu es la plus belle des Japonaises du monde ! Personne n’est blond comme toi ! Et tes yeux, ils sont comme le ciel et la mer. J’ai de la chance d’avoir la plus belle cousine du monde ! »
Ayumi éclata de rire avant de délaisser le « Memory ». Elle se jeta sur son cousin après avoir glissé sur les cartes. Elle le chatouilla et sa natte blonde vint chatouiller les narines de Kyô.
« Ey ! J’ai dit quoi pour mériter ça ? »
« Tu viens de me dire que je suis la plus jolie des Japonaises du monde ! Je suis contente ! Je te remercie ! »
C’est à ce moment que Tohru entra dans la salle de jeux pour voir les deux enfants en pleine bataille de chatouilles. Elle était heureuse de voir qu’ils s’entendaient si bien. Ces deux là, impossible de les séparer ! Un petit rire lui échappa et elle les laissa tranquille…
« NON ! N’insiste pas, espèce de vieux porc ! T’as eu ce que tu voulais et j’ai eu mon fric : pas plus ! »
Ayumi était en train de se rhabiller. Elle enfila ses sous-vêtements, ses porte-jarretelles, sa minijupe et son débardeur à moitié déchiré. Ses cheveux blonds étaient encore plus emmêlés et ternes. Elle recompta les billets que son client lui avait donnés avant leurs ébats. Elle les fourra dans son décolleté.
« Tu n’en as pas marre de te droguer ? Tu es une si jolie fille ! C’est du gâchis ! »
« La ferme ! C’est ma vie ! Et toi, tu n’en as pas marre de tromper ta femme en me baisant ? »
Sur ces paroles acides, Ayumi sortit de la chambre en claquant la porte. Elle s’était fait assez d’argent pour se payer deux fixes. Largement de quoi tenir au moins un jour. Un jour où elle n’aurait pas besoin de vendre son corps meurtri à des types dégoûtants, sans cœur, ne pensant qu’à leur organe reproducteur. Elle savait pourquoi elle avait autant de succès : elle était la seule blonde de tout le pays ! En parlant de véritable blonde, pas de décolorée !
La jeune prostituée sortit de l’hôtel et se rendit dans le quartier où on vendait la drogue. La meilleure came de toute la ville. Il lui en fallait de qualité, c’est sûr. Toutefois, elle se fit discrète pour ne pas paraître trop suspecte. La police rôdait de temps à autre. Bientôt, elle trouva son vendeur préféré : un certain Hatsuharu. Elle lui sourit et lui fit la bise. Même si ça ne se faisait pas entre client et vendeur, elle enfreignait volontiers la règle !
« Haru-chan ! Heureusement que tu bosses même de nuit… J’aurais besoin de deux doses. »
Elle lui tendit la liasse de billets : la bonne H devenait chère. Le dénommé Haru compta les billets et il lui donna ce qu’elle voulait, dans un petit sachet transparent. Ayumi s’empressa de fourrer le tout dans son soutien-gorge.
« Je te remercie, Hatsu-kun ! A bientôt ! »
Elle lui colla une bise sonore sur la joue et elle quitta la ruelle sombre. Elle parcourut une bonne quinzaine de rues de Kyôto avant d’arriver à des toilettes publiques. Sentant la crise de manque se faire toute proche, elle décida de faire son injection tout de suite. Elle entra dans une cabine et s’enferma à double tour.
De son petit sac à main elle sortit une petite cuiller, une seringue, du citron ainsi qu’un briquet. Elle fit chauffer la cuiller avait de diluer la drogue dans le jus de citron. Elle mit le tout dans la seringue avant de tendre son bras. Elle chercha une veine encore potable avant d’enfoncer l’aiguille dans sa saignée. Elle s’injecta toute la dose avant de s’évanouir tellement l’effet fut fulgurant.
« Kyô-kun ! Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? »
Comme d’habitude, Kakéru était d’humeur joyeuse et entraînante. Pas de quoi s’ennuyer avec lui ! Pourtant, jusqu’à hier, il était certain que Kyô, son ami d’enfance, ne participerait pas au voyage scolaire. Il avait été assez incisif à ce sujet. Et voilà que le jour du départ, Kyô débarquait avec deux sacs de voyage et un sac à dos ! Un véritable vacancier !
« Salut Kakéru-kun… Ben… Y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. »
Kakéru explosa de rire et il donna une bonne tape sur l’épaule de son ami. Il s’empara de ses sacs de voyage et les donna au conducteur du bus. Ce dernier s’occuper de ranger les affaires des étudiants dans la soute prévue à cet effet.
« Quelle explication ! Je m’en contenterai, ne t’en fais pas ! Allons nous asseoir avant que les filles nous piquent les meilleures places ! »
A ces paroles, Kyô grogna : pourquoi détestait-il tant la gente féminine ? Si sa cousine était encore en vie, il l’aurait aimé et chérit aussi chèrement qu’un trésor ! C’était la seule fille qu’il eut jamais aimé. Il rougit violemment à ces pensées. Etait-il fou ? Et puis, Ayumi avait disparu il y a plus de dix ans ! Onze exactement.
« Ouais, allons-y. »
« KYÔTO, EFIN ! YOUPI ! »
Kakéru était sorti le premier du bus. Il avait ouvert les bras comme pour embrasser toute une foule qui l’attendait. Mais il n’y avait personne, à part quelques personnes. Il soupira de bien-être et bientôt, il put sentir quelqu’un le prendre par l’épaule et le retourner vivement. Il s’agissait de Kyô. Lui aussi souriait. Il était content d’être venu. Ca lui changeait les idées. Il avait assez ressassé le passé comme cela !
« Calme-toi, espèce de malade ! Les passants vont prendre peur ! »
Bien entendu, il plaisantait. Le jeune homme pouffa de rire et alla chercher ses deux sacs de voyage. Il ne put pas prendre ceux de Kakéru car il ignorait quelles étaient ses affaires.
Une fois les bagages récupérés, le groupe composé d’environ soixante-dix élèves se dirigea vers l’hôtel. Le responsable du groupe leur attribua les chambres et la clé qui allait avec^^. Kakéru et Kyô étaient tombés ensemble. Leur groupe, trop nombreux, avait été divisé en deux. Les autres élèves se trouvaient dans l’hôtel d’en face.
Une fois que les chambres furent attribuées, tout le monde alla ranger ses affaires. La soirée était libre mais ils devaient être rentrés avant une heure du matin. Des visites les attendaient le lendemain ! Kakéru et Kyô s’empressèrent de ranger leurs affaires. Ils prirent de l’argent après avoir téléphoner à leur famille respective pour leur dire qu’ils étaient bien arrivés. Il ne fallait quand même pas sortir sans un sou !
« Bon, je vais te faire visiter les quartiers les plus dévergondés ! Tu verras, tu ne vas pas être déçu ! »
Kyô grogna tout en attachant sa jaquette noire. Il n‘aimait pas trop ce genre de plaisanterie. Mais il faisait confiance à son ami : ils se connaissaient depuis si longtemps !
Ils parcoururent de nombreuses rues, toutes aussi animées les uns que les autres. Bientôt, les lumières se firent de plus en plus rares et les gens de plus en plus louches.
« Kakéru, tu es sûr que tu ne t’es pas trompé de chemin ? Cs fait plus d’une heure que nous marchons ! »
Pour la première fois de sa vie, Kakéru fut pris d’un doute : ils auraient dû tourner à gauche il y a plus d’une demi-heure ! Ils allaient bientôt atterrir dans…
« Le quartier des prostitués… »
« QUOI ? Tu te fous de ma gueule j’espère ? T’es con ou quoi ? »
Kyô était énervé. Il s’était arrêté et fusillait son ami du regard. Il tourna les talons, prêt à faire demi-tour. Il avait l’impression d’avoir été trahi, même s’il savait que Kakéru n’avait pas fait exprès de le mener ici. Il détestait les filles ! Il se sentait mal avec elles ! Alors avec des prostituées… Il en avait la chair de poule et il avait envie de vomir !
« Non ! Kyô-kun ! Il ne faut pas revenir en arrière ! Le meilleur moyen, c’est de traverser le quartier et faire comme si de rien n’était en évitant les gens louches… »
« Ah ? Tu t’y connais maintenant ? » Fit-il d’un ton venimeux.
« Kyô ! Ecoute-moi ! C’est mon grand frère qui m’a expliqué comment faire dans une telle situation ! Tu risques d’avoir des ennuis si tu retournes en arrière ! »
« Dis Kyô, est-ce que tu m’aimes ? »
C’est une petite voix fluette qui posa cette question. Kyô, âgé de dix ans, regarda sa petite cousine. Il lui passa une main dans les cheveux et lui sourit tendrement. Ils se trouvaient dans la salle de jeux, à plat ventre au sol. Devant eux se trouvait un jeu de « Memory ». Ayumi était très douée à ce jeu. Pour le moment, elle menait la partie. La question qu’elle avait posée était bien impromptue. Ses grands yeux bleus étaient posés sur son cousin.
« Mais bien sûr que je t’aime ! Tu sais bien que tu es la seule fille intelligente de toute la terre. Donc, y’a que toi que je peux aimer ! »
Le garçonnet ria de bon cœur, comme s’il venait de dire une bonne blague. Il retourna deux cartes carrées et il constata que la même image était représentée sur les deux cartons. Il sourit et les ajouta à son tas.
« Kyô-kun, je suis pas la plus intelligente… »
Elle tourna à son tour deux cartes. Les mêmes. Elle les ajouta à son tas. Kyô pouffa de rire et s’empara d’un biscuit qui se trouvait dans le bol près d’eux. Il le fourra dans sa bouche et il s’en mit plein le visage. Il venait de prendre un biscuit au chocolat. Ses préférés.
« Alors si tu n’es pas la plus intelligente, tu es la plus belle des Japonaises du monde ! Personne n’est blond comme toi ! Et tes yeux, ils sont comme le ciel et la mer. J’ai de la chance d’avoir la plus belle cousine du monde ! »
Ayumi éclata de rire avant de délaisser le « Memory ». Elle se jeta sur son cousin après avoir glissé sur les cartes. Elle le chatouilla et sa natte blonde vint chatouiller les narines de Kyô.
« Ey ! J’ai dit quoi pour mériter ça ? »
« Tu viens de me dire que je suis la plus jolie des Japonaises du monde ! Je suis contente ! Je te remercie ! »
C’est à ce moment que Tohru entra dans la salle de jeux pour voir les deux enfants en pleine bataille de chatouilles. Elle était heureuse de voir qu’ils s’entendaient si bien. Ces deux là, impossible de les séparer ! Un petit rire lui échappa et elle les laissa tranquille…
+++
« NON ! N’insiste pas, espèce de vieux porc ! T’as eu ce que tu voulais et j’ai eu mon fric : pas plus ! »
Ayumi était en train de se rhabiller. Elle enfila ses sous-vêtements, ses porte-jarretelles, sa minijupe et son débardeur à moitié déchiré. Ses cheveux blonds étaient encore plus emmêlés et ternes. Elle recompta les billets que son client lui avait donnés avant leurs ébats. Elle les fourra dans son décolleté.
« Tu n’en as pas marre de te droguer ? Tu es une si jolie fille ! C’est du gâchis ! »
« La ferme ! C’est ma vie ! Et toi, tu n’en as pas marre de tromper ta femme en me baisant ? »
Sur ces paroles acides, Ayumi sortit de la chambre en claquant la porte. Elle s’était fait assez d’argent pour se payer deux fixes. Largement de quoi tenir au moins un jour. Un jour où elle n’aurait pas besoin de vendre son corps meurtri à des types dégoûtants, sans cœur, ne pensant qu’à leur organe reproducteur. Elle savait pourquoi elle avait autant de succès : elle était la seule blonde de tout le pays ! En parlant de véritable blonde, pas de décolorée !
La jeune prostituée sortit de l’hôtel et se rendit dans le quartier où on vendait la drogue. La meilleure came de toute la ville. Il lui en fallait de qualité, c’est sûr. Toutefois, elle se fit discrète pour ne pas paraître trop suspecte. La police rôdait de temps à autre. Bientôt, elle trouva son vendeur préféré : un certain Hatsuharu. Elle lui sourit et lui fit la bise. Même si ça ne se faisait pas entre client et vendeur, elle enfreignait volontiers la règle !
« Haru-chan ! Heureusement que tu bosses même de nuit… J’aurais besoin de deux doses. »
Elle lui tendit la liasse de billets : la bonne H devenait chère. Le dénommé Haru compta les billets et il lui donna ce qu’elle voulait, dans un petit sachet transparent. Ayumi s’empressa de fourrer le tout dans son soutien-gorge.
« Je te remercie, Hatsu-kun ! A bientôt ! »
Elle lui colla une bise sonore sur la joue et elle quitta la ruelle sombre. Elle parcourut une bonne quinzaine de rues de Kyôto avant d’arriver à des toilettes publiques. Sentant la crise de manque se faire toute proche, elle décida de faire son injection tout de suite. Elle entra dans une cabine et s’enferma à double tour.
De son petit sac à main elle sortit une petite cuiller, une seringue, du citron ainsi qu’un briquet. Elle fit chauffer la cuiller avait de diluer la drogue dans le jus de citron. Elle mit le tout dans la seringue avant de tendre son bras. Elle chercha une veine encore potable avant d’enfoncer l’aiguille dans sa saignée. Elle s’injecta toute la dose avant de s’évanouir tellement l’effet fut fulgurant.
+++
« Kyô-kun ! Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? »
Comme d’habitude, Kakéru était d’humeur joyeuse et entraînante. Pas de quoi s’ennuyer avec lui ! Pourtant, jusqu’à hier, il était certain que Kyô, son ami d’enfance, ne participerait pas au voyage scolaire. Il avait été assez incisif à ce sujet. Et voilà que le jour du départ, Kyô débarquait avec deux sacs de voyage et un sac à dos ! Un véritable vacancier !
« Salut Kakéru-kun… Ben… Y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. »
Kakéru explosa de rire et il donna une bonne tape sur l’épaule de son ami. Il s’empara de ses sacs de voyage et les donna au conducteur du bus. Ce dernier s’occuper de ranger les affaires des étudiants dans la soute prévue à cet effet.
« Quelle explication ! Je m’en contenterai, ne t’en fais pas ! Allons nous asseoir avant que les filles nous piquent les meilleures places ! »
A ces paroles, Kyô grogna : pourquoi détestait-il tant la gente féminine ? Si sa cousine était encore en vie, il l’aurait aimé et chérit aussi chèrement qu’un trésor ! C’était la seule fille qu’il eut jamais aimé. Il rougit violemment à ces pensées. Etait-il fou ? Et puis, Ayumi avait disparu il y a plus de dix ans ! Onze exactement.
« Ouais, allons-y. »
+++
« KYÔTO, EFIN ! YOUPI ! »
Kakéru était sorti le premier du bus. Il avait ouvert les bras comme pour embrasser toute une foule qui l’attendait. Mais il n’y avait personne, à part quelques personnes. Il soupira de bien-être et bientôt, il put sentir quelqu’un le prendre par l’épaule et le retourner vivement. Il s’agissait de Kyô. Lui aussi souriait. Il était content d’être venu. Ca lui changeait les idées. Il avait assez ressassé le passé comme cela !
« Calme-toi, espèce de malade ! Les passants vont prendre peur ! »
Bien entendu, il plaisantait. Le jeune homme pouffa de rire et alla chercher ses deux sacs de voyage. Il ne put pas prendre ceux de Kakéru car il ignorait quelles étaient ses affaires.
Une fois les bagages récupérés, le groupe composé d’environ soixante-dix élèves se dirigea vers l’hôtel. Le responsable du groupe leur attribua les chambres et la clé qui allait avec^^. Kakéru et Kyô étaient tombés ensemble. Leur groupe, trop nombreux, avait été divisé en deux. Les autres élèves se trouvaient dans l’hôtel d’en face.
Une fois que les chambres furent attribuées, tout le monde alla ranger ses affaires. La soirée était libre mais ils devaient être rentrés avant une heure du matin. Des visites les attendaient le lendemain ! Kakéru et Kyô s’empressèrent de ranger leurs affaires. Ils prirent de l’argent après avoir téléphoner à leur famille respective pour leur dire qu’ils étaient bien arrivés. Il ne fallait quand même pas sortir sans un sou !
« Bon, je vais te faire visiter les quartiers les plus dévergondés ! Tu verras, tu ne vas pas être déçu ! »
Kyô grogna tout en attachant sa jaquette noire. Il n‘aimait pas trop ce genre de plaisanterie. Mais il faisait confiance à son ami : ils se connaissaient depuis si longtemps !
Ils parcoururent de nombreuses rues, toutes aussi animées les uns que les autres. Bientôt, les lumières se firent de plus en plus rares et les gens de plus en plus louches.
« Kakéru, tu es sûr que tu ne t’es pas trompé de chemin ? Cs fait plus d’une heure que nous marchons ! »
Pour la première fois de sa vie, Kakéru fut pris d’un doute : ils auraient dû tourner à gauche il y a plus d’une demi-heure ! Ils allaient bientôt atterrir dans…
« Le quartier des prostitués… »
« QUOI ? Tu te fous de ma gueule j’espère ? T’es con ou quoi ? »
Kyô était énervé. Il s’était arrêté et fusillait son ami du regard. Il tourna les talons, prêt à faire demi-tour. Il avait l’impression d’avoir été trahi, même s’il savait que Kakéru n’avait pas fait exprès de le mener ici. Il détestait les filles ! Il se sentait mal avec elles ! Alors avec des prostituées… Il en avait la chair de poule et il avait envie de vomir !
« Non ! Kyô-kun ! Il ne faut pas revenir en arrière ! Le meilleur moyen, c’est de traverser le quartier et faire comme si de rien n’était en évitant les gens louches… »
« Ah ? Tu t’y connais maintenant ? » Fit-il d’un ton venimeux.
« Kyô ! Ecoute-moi ! C’est mon grand frère qui m’a expliqué comment faire dans une telle situation ! Tu risques d’avoir des ennuis si tu retournes en arrière ! »
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
(Suite du chapitre 2)
Kyô finit par s’arrêter. Il soupira et tourna vivement la tête vers le jeune homme. Il entendit un bruit étrange et il regarda dans la direction d’où il venait. Un type étrange marchait, l’air menaçant, un couteau à la main.
« Je te suis, Kakéru-kun ! » S’empressa-t-il de dire, un peu effrayé.
Kakéru soupira. Ils reprirent le chemin du quartier des prostitués. L’homme étrange passa près d’eux sans leur accorder un seul regard. Bientôt, ils débouchèrent dans une rue animée. Tous les regards se braquèrent sur eux. Les filles, toutes plus belles et provocantes les unes que les autres, commençaient déjà à s’avancer vers ces clients beaux gosses. Une véritable aubaine pour elles ! Quelques unes d’entre elles prirent même des poses extravagantes.
« Désolés mesdemoiselles ! Même si vous êtes très belles, nous sommes déjà pris ! »
Kyô préféra ne pas répliquer. Il était effrayé par tant de filles ! Il accéléra le pas alors qu’une jeune femme s’approchait de lui. Il avait envie de crier, de les frapper ! Ne me touche pas avec tes sales mains aux ongles longs et manucurés ! Ne m’approche pas toi, avec ta minijupe ! Il donna un coup de coude à Kakéru.
« Allez… On se dépêche… » Marmonna-t-il dans sa barbe.
Ils réussirent tant bien que mal à échapper aux griffes de ces demoiselles en chaleur. Ils soupirèrent à l’unisson avant de débarquer dans un square se trouvant à cinq cents mètres du quartier des filles de joie.
« Ouf ! On l’a échappé belle ! T’as vu les proies faciles que nous étions ? »
« Ouais… Ben je crois que c’est le seul quartier dont je vais me souvenir l’existence car plus jamais je n’y mettrai les pieds ! »
« Moi non plus… »
Pour que Kakéru dise une chose pareille, il fallait qu’il soit vraiment choqué. Kyô parvint même à rire. Il envoya un coup de coude à son ami.
« Viens, allons nous asseoir sur ce banc. »
Ils traversèrent la pelouse, encore retournés de cette expérience. Ils s’écroulèrent sur le banc et soupirèrent. Ils restèrent un instant silencieux, perdus dans leurs pensées.
« Ey ! Mollusques visqueux ! Vous êtes sur mon banc ! »
Electrisé, Kyô se retourna d’un bloc. Il tomba nez à nez avec une jeune fille aux allures farouches. Elle était en minijupe et portait un débardeur déchiré par endroit. N’importe qui l’aurait trouvé dévergondée, sale, provocante. Surtout une personne âgée. De plus, elle empestait le poisson. Mais ce qui frappa Kyô était… ses cheveux. Blonds… Emmêlés, ternes…
« Tu… T’es… Blonde… »
Surprise, Ayumi recula sa tête. Elle prit une mèche de ses cheveux et l’examina. Elle éclata d’un rire un peu niais avant de rejeter sa crinière en arrière. Elle posa sa main sur sa hanche et jaugea ses deux mâles assis sur SON banc.
« Belle observation, beau gosse ! N’empêche que toi et ton copain squattez mon banc. Barrez-vous ! Et tu ne m’auras pas avec des numéros de séduction à la macho ! »
Kyô fut piqué à vif par ses paroles. Lui, essayer de la draguer ? Et quoi encore ! Il préférait crever, oui ! Il ouvrit la bouche pour lui sortir une réplique amère. Mais son regard s’arrêta sur son bras : la seringue était toujours fichée dans sa saignée. Ayumi avait oubli de retirer la seringue, encore en plein sous l’effet de la drogue.
« Et en plus, une droguée nous donne des ordres ! Viens, on se tire ! Laissons-la gerber trippes et boyaux sur son très cher banc ! De toute manière, c’est le seul copain qu’elle n’aura jamais ! »
Kyô se leva et entraîna Kakéru qui se trouvait un peu bête au milieu de tout cela ! Mais il avait surtout été choqué par la seringue. Une si belle fille, droguée ! Ce n’était pas possible !
« Mais t’es fêlé ou quoi ? T’aurais pu être plus aimable ! T’as vu ? En plus, elle est blonde ! Une vraie ! J’en avais jamais vue… »
Kyô secoua la tête avant de rabattre sa capuche sur sa tête. Il avait envie de pleurer : sa cousine était blonde elle aussi. Mais pas droguée, ni… Aussi mal fringuée ! Jamais elle n’aurait porté de minijupe, de porte-jarretelles, de débardeur déchiré… Il avait pu apercevoir une partie de sa poitrine. Ayumi était morte, il devait s’y faire.
« Moi si… J’en connaissais une… Une vraie de vraie… »
Kakéru fut surpris par cette révélation. Tout en marchant en direction de l’hôtel, il questionna son ami.
« C’était qui ? Une bombe j’espère ! Tu ne m’avais jamais dit ça ! Qui c’était ? Allez, dit ! Cachottier, va ! »
« C’était ma cousine et elle a été portée disparue il y a onze ans. On a retrouvé sa mère éventrée dans le salon, baignant dans une mare de sang. Son père a été retrouvé quelques mois plus tard dans la mer, en train de pourrir. Mais elle, elle a disparu. On n’a jamais retrouvé son corps, mais les chances qu’elle soit en vie sont minime. C’était plus jolie petite blonde. Cette allumeuse, cette droguée, c’est une ordure comparé à Ayumi ! »
Un « boum » sonore se fit entendre. Kakéru venait de se ramasser un poteau. Il n’avait jamais entendu cette histoire ! Pourquoi son meilleur ami, son presque frère, le lui avait caché ? Assis au sol, sonné, il ruminait ses pensées. Il avait perçu de la tristesse dans la voix de Kyô.
« Kakéru-kun ? Ca va ? »
« Ouais… Mais t’es qu’un salop ! T’aurais pu me tenir au courant de ça ! On se fait confiance ou merde ? »
Kyô se mordit la lèvre et s’assit à côté de son ami. Il avait envie de pleurer. Il ferma les yeux et ne put retenir plus longtemps ses larmes. Elles submergèrent ses joues et Kakéru se sentit coupable de l’avoir autant brusqué. Il le prit dans ses bras et le consola doucement.
« Désolé Kyô-kun… »
« C’est à moi de m’excuser…J’aurais dû t’en parler… Je croyais… La plaie n’a jamais cicatrisé. Elle me manque ! Elle n’avait que six ans ! Et je ne sais pas si elle est morte ou pas, si elle souffre ou si elle est heureuse ! Je ne sais rien ! Et je dois vivre avec cette absence. »
Kakéru le laissa vider son sac. Il le berçait et écoutait. Il était choqué : pourquoi infliger cela à une famille ? Il ferma les yeux, oubliant l’heure qu’il était et l’endroit où ils se trouvaient.
« Kyô-kun, t’excuse pas. Je comprends que ça te fasse mal d’en parler. Mais je suis content que tu l’aies fait. »
Bientôt, Kyô se calma. Ses larmes s’étaient taries et il se sentit mieux, libéré. Il renifla piteusement et releva la tête. Il regarda son ami de longue date et lui adressa un semblant de sourire. Il déposa un petit baiser sur son front.
« Merci Kakéru-kun. »
Son ami lu sourit avant de consulter sa montre. Il écarquilla les yeux.
« Kyô-kun, il est une heure trente ! On va se faire tuer par le responsable ! »
D’un bond, les garçons se remirent sur leurs jambes. Ils partirent en courant et arrivèrent à l’hôtel cinq minutes plus tard. Le gardien de nuit appela le responsable du groupe d’étudiants avant de les laisser entrer. Ils se firent grandement engueuler mais sans plus. Kakéru et Kyô prétendirent s’être perdus.
« On a eu chaud ! » Fit Kakéru, une fois qu’ils furent dans leur chambre.
« C’est sûr ! Bon, on ferait mieux de se reposer car on aura des visites à faire demain ! »
« Ouais, t’as raison ! Même si je ne suis pas fatigué. »
Tous deux se déshabillèrent et se mirent au lit. Ils éteignirent la lampe de chevet et bientôt, la chambre fut emplie de silence. Seule leur respiration régulière animait cette pièce obscure et paisible.
Kyô finit par s’arrêter. Il soupira et tourna vivement la tête vers le jeune homme. Il entendit un bruit étrange et il regarda dans la direction d’où il venait. Un type étrange marchait, l’air menaçant, un couteau à la main.
« Je te suis, Kakéru-kun ! » S’empressa-t-il de dire, un peu effrayé.
Kakéru soupira. Ils reprirent le chemin du quartier des prostitués. L’homme étrange passa près d’eux sans leur accorder un seul regard. Bientôt, ils débouchèrent dans une rue animée. Tous les regards se braquèrent sur eux. Les filles, toutes plus belles et provocantes les unes que les autres, commençaient déjà à s’avancer vers ces clients beaux gosses. Une véritable aubaine pour elles ! Quelques unes d’entre elles prirent même des poses extravagantes.
« Désolés mesdemoiselles ! Même si vous êtes très belles, nous sommes déjà pris ! »
Kyô préféra ne pas répliquer. Il était effrayé par tant de filles ! Il accéléra le pas alors qu’une jeune femme s’approchait de lui. Il avait envie de crier, de les frapper ! Ne me touche pas avec tes sales mains aux ongles longs et manucurés ! Ne m’approche pas toi, avec ta minijupe ! Il donna un coup de coude à Kakéru.
« Allez… On se dépêche… » Marmonna-t-il dans sa barbe.
Ils réussirent tant bien que mal à échapper aux griffes de ces demoiselles en chaleur. Ils soupirèrent à l’unisson avant de débarquer dans un square se trouvant à cinq cents mètres du quartier des filles de joie.
« Ouf ! On l’a échappé belle ! T’as vu les proies faciles que nous étions ? »
« Ouais… Ben je crois que c’est le seul quartier dont je vais me souvenir l’existence car plus jamais je n’y mettrai les pieds ! »
« Moi non plus… »
Pour que Kakéru dise une chose pareille, il fallait qu’il soit vraiment choqué. Kyô parvint même à rire. Il envoya un coup de coude à son ami.
« Viens, allons nous asseoir sur ce banc. »
Ils traversèrent la pelouse, encore retournés de cette expérience. Ils s’écroulèrent sur le banc et soupirèrent. Ils restèrent un instant silencieux, perdus dans leurs pensées.
« Ey ! Mollusques visqueux ! Vous êtes sur mon banc ! »
Electrisé, Kyô se retourna d’un bloc. Il tomba nez à nez avec une jeune fille aux allures farouches. Elle était en minijupe et portait un débardeur déchiré par endroit. N’importe qui l’aurait trouvé dévergondée, sale, provocante. Surtout une personne âgée. De plus, elle empestait le poisson. Mais ce qui frappa Kyô était… ses cheveux. Blonds… Emmêlés, ternes…
« Tu… T’es… Blonde… »
Surprise, Ayumi recula sa tête. Elle prit une mèche de ses cheveux et l’examina. Elle éclata d’un rire un peu niais avant de rejeter sa crinière en arrière. Elle posa sa main sur sa hanche et jaugea ses deux mâles assis sur SON banc.
« Belle observation, beau gosse ! N’empêche que toi et ton copain squattez mon banc. Barrez-vous ! Et tu ne m’auras pas avec des numéros de séduction à la macho ! »
Kyô fut piqué à vif par ses paroles. Lui, essayer de la draguer ? Et quoi encore ! Il préférait crever, oui ! Il ouvrit la bouche pour lui sortir une réplique amère. Mais son regard s’arrêta sur son bras : la seringue était toujours fichée dans sa saignée. Ayumi avait oubli de retirer la seringue, encore en plein sous l’effet de la drogue.
« Et en plus, une droguée nous donne des ordres ! Viens, on se tire ! Laissons-la gerber trippes et boyaux sur son très cher banc ! De toute manière, c’est le seul copain qu’elle n’aura jamais ! »
Kyô se leva et entraîna Kakéru qui se trouvait un peu bête au milieu de tout cela ! Mais il avait surtout été choqué par la seringue. Une si belle fille, droguée ! Ce n’était pas possible !
« Mais t’es fêlé ou quoi ? T’aurais pu être plus aimable ! T’as vu ? En plus, elle est blonde ! Une vraie ! J’en avais jamais vue… »
Kyô secoua la tête avant de rabattre sa capuche sur sa tête. Il avait envie de pleurer : sa cousine était blonde elle aussi. Mais pas droguée, ni… Aussi mal fringuée ! Jamais elle n’aurait porté de minijupe, de porte-jarretelles, de débardeur déchiré… Il avait pu apercevoir une partie de sa poitrine. Ayumi était morte, il devait s’y faire.
« Moi si… J’en connaissais une… Une vraie de vraie… »
Kakéru fut surpris par cette révélation. Tout en marchant en direction de l’hôtel, il questionna son ami.
« C’était qui ? Une bombe j’espère ! Tu ne m’avais jamais dit ça ! Qui c’était ? Allez, dit ! Cachottier, va ! »
« C’était ma cousine et elle a été portée disparue il y a onze ans. On a retrouvé sa mère éventrée dans le salon, baignant dans une mare de sang. Son père a été retrouvé quelques mois plus tard dans la mer, en train de pourrir. Mais elle, elle a disparu. On n’a jamais retrouvé son corps, mais les chances qu’elle soit en vie sont minime. C’était plus jolie petite blonde. Cette allumeuse, cette droguée, c’est une ordure comparé à Ayumi ! »
Un « boum » sonore se fit entendre. Kakéru venait de se ramasser un poteau. Il n’avait jamais entendu cette histoire ! Pourquoi son meilleur ami, son presque frère, le lui avait caché ? Assis au sol, sonné, il ruminait ses pensées. Il avait perçu de la tristesse dans la voix de Kyô.
« Kakéru-kun ? Ca va ? »
« Ouais… Mais t’es qu’un salop ! T’aurais pu me tenir au courant de ça ! On se fait confiance ou merde ? »
Kyô se mordit la lèvre et s’assit à côté de son ami. Il avait envie de pleurer. Il ferma les yeux et ne put retenir plus longtemps ses larmes. Elles submergèrent ses joues et Kakéru se sentit coupable de l’avoir autant brusqué. Il le prit dans ses bras et le consola doucement.
« Désolé Kyô-kun… »
« C’est à moi de m’excuser…J’aurais dû t’en parler… Je croyais… La plaie n’a jamais cicatrisé. Elle me manque ! Elle n’avait que six ans ! Et je ne sais pas si elle est morte ou pas, si elle souffre ou si elle est heureuse ! Je ne sais rien ! Et je dois vivre avec cette absence. »
Kakéru le laissa vider son sac. Il le berçait et écoutait. Il était choqué : pourquoi infliger cela à une famille ? Il ferma les yeux, oubliant l’heure qu’il était et l’endroit où ils se trouvaient.
« Kyô-kun, t’excuse pas. Je comprends que ça te fasse mal d’en parler. Mais je suis content que tu l’aies fait. »
Bientôt, Kyô se calma. Ses larmes s’étaient taries et il se sentit mieux, libéré. Il renifla piteusement et releva la tête. Il regarda son ami de longue date et lui adressa un semblant de sourire. Il déposa un petit baiser sur son front.
« Merci Kakéru-kun. »
Son ami lu sourit avant de consulter sa montre. Il écarquilla les yeux.
« Kyô-kun, il est une heure trente ! On va se faire tuer par le responsable ! »
D’un bond, les garçons se remirent sur leurs jambes. Ils partirent en courant et arrivèrent à l’hôtel cinq minutes plus tard. Le gardien de nuit appela le responsable du groupe d’étudiants avant de les laisser entrer. Ils se firent grandement engueuler mais sans plus. Kakéru et Kyô prétendirent s’être perdus.
« On a eu chaud ! » Fit Kakéru, une fois qu’ils furent dans leur chambre.
« C’est sûr ! Bon, on ferait mieux de se reposer car on aura des visites à faire demain ! »
« Ouais, t’as raison ! Même si je ne suis pas fatigué. »
Tous deux se déshabillèrent et se mirent au lit. Ils éteignirent la lampe de chevet et bientôt, la chambre fut emplie de silence. Seule leur respiration régulière animait cette pièce obscure et paisible.
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
Chapitre 3
« Où est-ce que tu vas ? »
La question avait claqué, aussi vive que l’éclaire. Ayumi s’était retournée et avait fusillé l’homme qui l’avait interpellée du regard. Elle passa une main dans ses longs cheveux blonds et emmêlés avant de croiser les bras et de faire face à l’homme. Une balafre rosée striait sa joue droite et ses yeux étaient petits et aussi noirs que les ténèbres. Un air sévère animait son visage. Jamais la jeune fille ne l’avait vu sourire. Aussi loin que ses souvenirs la ramenaient, jamais elle ne l’avait vu joyeux. Il avait toujours été dur, impitoyable et intransigeant. Jamais une parole douce n’était sortie de sa bouche.
« Je sors. J’ai rien à vous dire de plus. »
L’homme, solennel, s’approcha de l’insolente. Clac ! Un claquement sonore se fit entendre. Ayumi avait tourné la tête sous l’effet de la gifle. Ses cheveux emmêlés masquaient la moitié du visage. Mais rapidement elle remit son visage droit. Ses yeux bleu métallique lançaient des éclairs. Elle aurait pu le tuer sur place d’un simple regard !
« Oh que si ! Qui c’est qui t’as élevée ? Moi ! Qui t’as recueillie alors que tu n’avais plus de famille ? Moi ! Qui t’as nourrie et logée ? Moi ! Qui t’as trouvé un job ? Moi ! Et qui doit pourvoir à tes besoins ? Moi ! Tu me dois tout et surtout des réponses ! Est-ce bien clair ? »
Ayumi venait de recevoir une nouvelle gifle. Elle avait refusé de répondre. L’homme la prit par les épaules pour qu’elle l’oblige à le regarder. Soudainement, un petit rire moqueur se fit entendre. Et plus le temps passait et plus ce rire s’amplifiait. Bientôt, elle rit à gorge déployée.
« Quel job ? La prostitution ! Je vous la mettrais bien où je pense ! Vous appelez ça un boulot ? Je dois vendre mon corps pour ne pas être en crise de manque ! Tout cela est de votre faute, Daisuke ! J’aurais pu aller au lycée puis partir à la Fac. Mais non, je suis prostituée ! Mais je dois avouer que le salaire est plutôt bon… »
Et elle rit à nouveau. Elle se dégagea violemment de son « père adoptif ». Elle tourna les talons et se dirigea vers la porte. Elle s’empara d’une pince à cheveux qui se trouvait sur la commode près de la porte d’entrée. Elle releva ses cheveux et les attacha. Elle était un peu plus présentable à présent.
« Mais cher Daisuke, j’aurai des réponses un de ces jours. La petite fille dépendante a grandi. »
Ce fut au tour de l’homme de rire méchamment. Il s’empara du vase se trouvant près de lui avant de l’envoyer en direction d’Ayumi. Mais cette dernière eut le réflexe de se baisser. Le pot alla se briser contre le mur et l’eau s’écoula contre la paroi et le sol. Des fleurs rouges étaient à présent éparpillées un peu partout.
« On ne m’échappa pas comme cela. Tu sais ce qui arrive à ceux qui désobéissent. Tu devrais être en train de me remercier à genoux ! Tu devrais me considérer comme ton Dieu ! Je t’ai sauvée ! »
Après un dernier regard amusé, Ayumi sortit de l’appartement luxueux. Elle descendit rapidement les escaliers du bâtiment et traversa le hall d’entrée où de nombreuses personnes discutaient, passaient ou prenaient leur courrier. Tout le monde la connaissait ici. Toutes ces personnes étaient soit des prostitués, soit des proxénètes. Certains même menaient une double vie. Il n’était pas rare de rencontrer des avocats, des PDG ou des fonctionnaires faisant partie de ces réseaux interdits. Mais l’adolescente y était habituée. C’était la routine pour elle.
Ignorait littéralement Rei qui entrait dans le bâtiment à ce moment précis, Ayumi sortit. Un vent glacial lui cingla le visage. Elle frissonna violemment et grommela entre ses dents. Elle croisa les bras contre sa poitrine avant d’avancer rapidement dans une direction bien précise.
« La prochaine fois, je sortirai avec ma veste… » Pensa-t-elle tout haut.
Et c’est ainsi que débuta sa promenade dans l’après-midi glacial de Kyôto. Elle faisait déplacé parmi toutes les personnes marchant, emmitouflées dans des vestes, des pantalons et des gros pulls. Ayumi, elle, était simplement vêtue d’un tee-shirt un peu trop serré, une jupe et des talons hauts. Et elle progressait ainsi dans les rues de la métropole…
Ca y’est, je l’ai enfin aperçue. Elle était là, seule, marchant vers moi sans même m’avoir vu. Elle avait les bras croisés contre sa poitrine, la tête basse, le regard perdu. Sa jupe était agitée de tremblotements sous l’effet de la bise. Depuis mon repère, je pus remarquer qu’elle frissonnait. Je devinais la chair de poule animant ses bras. Elle semblait triste, abandonnée, seule… J’avais l’impression qu’un lourd secret l’assaillait, qu’il lui manquait une pièce à ce puzzle qu’on nomme « vie ». J’étais intrigué. Je m’en voulais de lui avoir parlé si durement la dernière fois. Elle était peut-être droguée, mais elle ne le faisait pas délibérément. A présent, je le sentais. Mais quel lourd secret gardait-elle caché en elle ? Pourquoi cette mélancolie sur ce visage qui aurait pu être magnifique à contempler ? Je l’ignorais. Toutefois, je me promis de le découvrir un de ces jours. Comment ? Je ne le savais pas encore. Quoi qu’il en soit, il fallait que je fasse vite : notre voyage scolaire s’achevait d’ici trois jours.
« Tu n’as donc pas froid ainsi vêtue ? »
Ayumi sursauta à moitié. Elle était arrivée dans le square où elle avait l’habitude de méditer. Son banc était occupé par… Un des jeunes hommes qu’elle avait rencontré il y a quelques jours. Son visage se referma comme une huître. Elle grommela et pesta des paroles incompréhensibles avant de soupirer lourdement. Mais que faisait-il là ? Etait-ce pour la provoquer ? Voulait-il la mettre en colère ?
« Ca te regarde peut-être ? T’es pas mon père ! »
Elle reçut comme un choc en prononçant ces paroles. Son père… Lorsqu’elle prononçait ce mot, elle revoyait le visage dur, impitoyable, de Daisuke. Il prétendait l’avoir prise sous son aile alors que ses parents étaient décédés d’un accident de voiture. Ayumi se raccrochait à cette réalité puisque c’était la seule qu’elle connaissait. Plusieurs fois elle lui avait demandé si elle n’avait pas des autres membres de sa famille en vie. Et à chaque fois, il lui répondait que c’était LUI et LUI seul sa famille et qu’elle ne devait pas se poser plus de questions.
« Non… Mais il fait très froid et tu es courtement vêtue… »
Cette réponse ramena la jeune fille blonde à la réalité. Elle reposa son regard métallique sur le jeune homme. Pourquoi la contemplait-il ainsi ? Pourquoi s’était-il levé ? Pourquoi avait-il ôté sa veste ? Pourquoi rapprochait-il cette même veste de ses épaules ? POURQUOI ?!
« Tiens… Il ne faudrait pas que tu tombes malade. »
Ayumi se crispa violemment lorsque le vêtement se posa sur ses frêles épaules. Elle décroisa ses bras et eut un mouvement pour retirer la veste. Mais le jeune homme l’empêcha d’agir. Il lui retint des poignets et secoua la tête.
« Non, tu la gardes ! Tu es humaine comme nous tous. Tu ne dois pas tomber inutilement malade. »
Surprise, la jeune fille s’immobilisa. Elle HAÏSSAIT se retrouver dans ce genre de position où elle avait tord, où elle ne pouvait rien répliquer. Elle grogna violemment et détourna la tête. Et Kyô sourit enfin. Il retourna s’asseoir sur le banc et il contempla le ciel qui se couvrait gentiment. Il était content d’avoir capté l’attention de la jeune fille blonde. Il ferma les yeux, un petit sourire doux sur ses lèvres.
« T’es qui pour te permettre d’agir comme ça avec moi ? » Finit par demander Ayumi, avec une agressivité non feinte.
Kyô éclata d’un rire clair. Il baissa la tête et ouvrit les yeux pour regarder la jeune prostituée. Il croisa les bras après avoir tapoté la place de libre près de lui. Un petit sourire espiègle régnait sur ses lèvres. Il n’était pas si bête que cela, put constater la fille.
« Assieds-toi, je déteste parler lorsque je suis assis et mon interlocuteur debout. »
Totalement résignée, Ayu s’exécuta. Ce jeune homme l’intriguait, elle devait l’avouer. Pourquoi était-il si gentil et serviable avec une loque comme elle ? Les gens étaient bien fous de leurs jours. Elle soupira lourdement et s’assit à distance respectable entre lui et elle. Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin quand même ! Un silence pesant s’installa entre eux. Kyô s’amusait à le faire durer pour fragiliser la patience de la jeune fille. Et cette tactique s’avéra utile.
« Alors ? Ma question ? T’y réponds ou merde ? »
« Du calme chère demoiselle ! Je vais y répondre. Je m’appelle Kyô. »
« Kyô… »
« KYÔ ! AU SECOURS ! ILS ME FONT DU MAL ! KYÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔ !!! »
« KYÔ ! JE HAIS CE PRENOM ! »
Surpris, le jeune homme sursauta. Il avait remarqué qu’elle avait été ailleurs quelques secondes durant. Mais qu’est-ce qui l’avait poussée à hurler ainsi ? Et pourquoi détestait-elle tant son prénom. La haine brillait dans son regard bleu. Un violent coup de vent avait décroché la pince de ses cheveux et une longue masse informe et blonde se répandit autour de ses épaules. Plus que jamais elle avait l’air bestial.
« Ah ? Et pourquoi ? » Demanda-t-il, intrigué.
« Ca ne te regarde pas ! Je hais ce prénom, c’est tout ! »
« Très bien, très bien ! Et je peux connaître ton prénom, tête de mule ? »
Etait-ce une provocation ? Si c’était le cas, Ayumi ne l’apprécia guère et elle se leva d’un bond. Personne n’avait le droit de lui donner des surnoms, personne ! Et encore moins un étranger ! Elle lui jeta la veste à la figure avant de commencer à partir.
« Ey ! Calme-toi ! Je plaisantais. » S’écria-t-il après l’avoir rattrapée.
Ayumi frissonna violemment lorsqu’elle sentit Kyô l’attraper par le bras. Elle détestait les contacts physiques ! Un peu étonnant pour une prostituée. Mais si seulement ses clients savaient à quel point elle était dégoûtée à chaque fois que l’un d’entre eux la touchait ! Elle en avait à chaque fois la nausée. Mais c’était ça et l’argent ou la crise de manque, les vomissements, les envies de mourir…
« Aya… »
Son pseudonyme, en quelque sorte. Kyô hocha la tête avant de la relâcher. La jeune fille lui jeta un regard étrange avant de se mettre à courir. Elle savait que cette fois, il ne la poursuivrait pas. Elle disparut bientôt au coin d’un rue. Elle devait travailler à présent. Et plus que jamais elle se sentait mal et ça n’avait rien à voir avec le manque de drogue…
« Alors, tu l’as revu cette blondinette trop canon ? »
Un gros soupir se fit entendre dans toute la chambre. Kyô et Kakéru étaient en train de ranger leurs affaires. Le lendemain, ils rentreraient à Tôkyô. Ces deux semaines avaient passé bien vite ! Ils avaient eu le temps de visiter tous les musées, les sites et monuments importants dans la ville et la périphérie. Etant à la Fac, ils devraient ensuite écrire un rapport détaillé de leurs visites suivi d’un petit exposé. Une note qui compterait plus de cinq fois était de mise : ils n’avaient pas intérêt à rater leur travail ! Ils avaient deux mois de délai, pas un jour de plus.
« Oui, je l’ai revue… Au même endroit. »
« Ouaaaaaaaaaaaaaah ! Balèze ! Et alors ? Comment s’appelle-t-elle ? Vous avez fixé un lieu de rendez-vous, vous allez vous revoir ? »
Kyô ne put s’empêcher de rire devant l’empressement de son ami : il voulait toujours tout savoir ! Il ferma vivement la fermeture Eclair de son sac de voyage avant de le jeter au sol. Il en avait terminé avec ses bagages ! Il se jeta sur son lit, à plat ventre.
« Elle s’appelle Aya et non, nous n’allons pas nous revoir. Elle a littéralement fui après m’avoir dévoilé son identité. »
Kakéru s’assit au bord de son lit et soupira en secouant la tête comme un fou. Ses cheveux noirs volaient dans tous les sens. Kyô haussa un sourcil avant d’éclater de rire : ce qu’il était stupide et avait l’air idiot !
« Je suis désolé pour toi, mon vieux… Ce sera pour une prochaine fois ! On part demain de toute façon. T’as plus aucune chance avec la blonde. »
Kyô pouffa de rire avant d’envoyer un coussin dans la face de Kakéru. Ce dernier protesta et répliqua en envoyant sa couverture. Une bataille s’engagea jusqu’à ce qu’on frappe violemment contre la porte et qu’un des professeurs entre.
« Calmez-vous ! Sinon ce sera trois heures de retenue à votre arrivée ! Maintenant, éteignez les lampes ! Réveil à cinq heures demain matin. »
« Clac ! » La porte se referma violemment. Les deux amis pouffèrent discrètement avant de remettre un semblant d’ordre dans leur chambre. Ensuite, ils se glissèrent entre les draps et cherchèrent le sommeil. Kakéru fut le premier à le trouver tandis que Kyô avait les yeux grands ouverts et fixait le plafond d’un air rêveur et distant…
« Le compte est bon ! Départ dans dix minutes ! »
Tous les élèves se dirigèrent vers le chauffeur du car qui rangea les bagages dans la soute. Comme pour le voyage d’aller, Kakéru et Kyô gardèrent leur sac à dos. Durant le trajet, ils allaient s’ennuyer au bout d’un certain moment alors il valait mieux prévoir un bon livre ainsi que de la musique entraînante !
Bientôt, les surveillants et les professeurs revinrent. Ils recomptèrent les élèves à mesure qu’ils montaient dans le véhicule. Kyô fut le dernier et il avait presque fini de gravir les quelques marches menant dans le car lorsqu’une voix l’interpella. Une voix qu’il avait entendu très peu de fois mais il l’aurait reconnue entre mille.
« KYÔ ! Où habites-tu ? KYÔ ! Réponds-moi ! »
Le professeur poussait pratiquement le jeune homme dans le car : il ne tolérait pas le retard. Kyô eut juste le temps de tourner la tête avant que la porte ne se referme. Il vit Ayumi qui courait à en perdre haleine. Mais que faisait-elle là ? Et comment l’avait-elle retrouvé ? Il avait saisi sa question au vol et le car démarrait déjà. Il hurla qu’on lui donne une feuille et un stylo. Une élève de sa classe lui tendit ce dont il avait besoin : elle était férue d’écriture et avait toujours un bloc de feuilles et de quoi écrire près d’elle.
Kyô s’empressa d’écrire le nom de la ville où il résidait : Tôkyô. Il se rua à l’arrière du car, bousculant quelques élèves. Il plaqua ensuite la feuille contre la vitre arrière alors qu’Ayumi courait toujours derrière le véhicule. Une fois qu’elle put lire ces quelques idéogrammes, elle ralentit l’allure et s’arrêta complètement, seule, sur le petit chemin. Elle était vêtue des mêmes vêtements que la dernière fois, lorsqu’ils s’étaient revus dans le square.
« Tôkyô… » Souffla-t-elle après un long moment.
Elle baissa la tête et tourna les talons : son train-train quotidien l’attendait, c’est-à-dire la prostitution…
(Fin du chapitre 3)
Nouvelle légende:
Bleu foncé = Le professeur de Kyô et Kakéru
« Où est-ce que tu vas ? »
La question avait claqué, aussi vive que l’éclaire. Ayumi s’était retournée et avait fusillé l’homme qui l’avait interpellée du regard. Elle passa une main dans ses longs cheveux blonds et emmêlés avant de croiser les bras et de faire face à l’homme. Une balafre rosée striait sa joue droite et ses yeux étaient petits et aussi noirs que les ténèbres. Un air sévère animait son visage. Jamais la jeune fille ne l’avait vu sourire. Aussi loin que ses souvenirs la ramenaient, jamais elle ne l’avait vu joyeux. Il avait toujours été dur, impitoyable et intransigeant. Jamais une parole douce n’était sortie de sa bouche.
« Je sors. J’ai rien à vous dire de plus. »
L’homme, solennel, s’approcha de l’insolente. Clac ! Un claquement sonore se fit entendre. Ayumi avait tourné la tête sous l’effet de la gifle. Ses cheveux emmêlés masquaient la moitié du visage. Mais rapidement elle remit son visage droit. Ses yeux bleu métallique lançaient des éclairs. Elle aurait pu le tuer sur place d’un simple regard !
« Oh que si ! Qui c’est qui t’as élevée ? Moi ! Qui t’as recueillie alors que tu n’avais plus de famille ? Moi ! Qui t’as nourrie et logée ? Moi ! Qui t’as trouvé un job ? Moi ! Et qui doit pourvoir à tes besoins ? Moi ! Tu me dois tout et surtout des réponses ! Est-ce bien clair ? »
Ayumi venait de recevoir une nouvelle gifle. Elle avait refusé de répondre. L’homme la prit par les épaules pour qu’elle l’oblige à le regarder. Soudainement, un petit rire moqueur se fit entendre. Et plus le temps passait et plus ce rire s’amplifiait. Bientôt, elle rit à gorge déployée.
« Quel job ? La prostitution ! Je vous la mettrais bien où je pense ! Vous appelez ça un boulot ? Je dois vendre mon corps pour ne pas être en crise de manque ! Tout cela est de votre faute, Daisuke ! J’aurais pu aller au lycée puis partir à la Fac. Mais non, je suis prostituée ! Mais je dois avouer que le salaire est plutôt bon… »
Et elle rit à nouveau. Elle se dégagea violemment de son « père adoptif ». Elle tourna les talons et se dirigea vers la porte. Elle s’empara d’une pince à cheveux qui se trouvait sur la commode près de la porte d’entrée. Elle releva ses cheveux et les attacha. Elle était un peu plus présentable à présent.
« Mais cher Daisuke, j’aurai des réponses un de ces jours. La petite fille dépendante a grandi. »
Ce fut au tour de l’homme de rire méchamment. Il s’empara du vase se trouvant près de lui avant de l’envoyer en direction d’Ayumi. Mais cette dernière eut le réflexe de se baisser. Le pot alla se briser contre le mur et l’eau s’écoula contre la paroi et le sol. Des fleurs rouges étaient à présent éparpillées un peu partout.
« On ne m’échappa pas comme cela. Tu sais ce qui arrive à ceux qui désobéissent. Tu devrais être en train de me remercier à genoux ! Tu devrais me considérer comme ton Dieu ! Je t’ai sauvée ! »
Après un dernier regard amusé, Ayumi sortit de l’appartement luxueux. Elle descendit rapidement les escaliers du bâtiment et traversa le hall d’entrée où de nombreuses personnes discutaient, passaient ou prenaient leur courrier. Tout le monde la connaissait ici. Toutes ces personnes étaient soit des prostitués, soit des proxénètes. Certains même menaient une double vie. Il n’était pas rare de rencontrer des avocats, des PDG ou des fonctionnaires faisant partie de ces réseaux interdits. Mais l’adolescente y était habituée. C’était la routine pour elle.
Ignorait littéralement Rei qui entrait dans le bâtiment à ce moment précis, Ayumi sortit. Un vent glacial lui cingla le visage. Elle frissonna violemment et grommela entre ses dents. Elle croisa les bras contre sa poitrine avant d’avancer rapidement dans une direction bien précise.
« La prochaine fois, je sortirai avec ma veste… » Pensa-t-elle tout haut.
Et c’est ainsi que débuta sa promenade dans l’après-midi glacial de Kyôto. Elle faisait déplacé parmi toutes les personnes marchant, emmitouflées dans des vestes, des pantalons et des gros pulls. Ayumi, elle, était simplement vêtue d’un tee-shirt un peu trop serré, une jupe et des talons hauts. Et elle progressait ainsi dans les rues de la métropole…
+++
Ca y’est, je l’ai enfin aperçue. Elle était là, seule, marchant vers moi sans même m’avoir vu. Elle avait les bras croisés contre sa poitrine, la tête basse, le regard perdu. Sa jupe était agitée de tremblotements sous l’effet de la bise. Depuis mon repère, je pus remarquer qu’elle frissonnait. Je devinais la chair de poule animant ses bras. Elle semblait triste, abandonnée, seule… J’avais l’impression qu’un lourd secret l’assaillait, qu’il lui manquait une pièce à ce puzzle qu’on nomme « vie ». J’étais intrigué. Je m’en voulais de lui avoir parlé si durement la dernière fois. Elle était peut-être droguée, mais elle ne le faisait pas délibérément. A présent, je le sentais. Mais quel lourd secret gardait-elle caché en elle ? Pourquoi cette mélancolie sur ce visage qui aurait pu être magnifique à contempler ? Je l’ignorais. Toutefois, je me promis de le découvrir un de ces jours. Comment ? Je ne le savais pas encore. Quoi qu’il en soit, il fallait que je fasse vite : notre voyage scolaire s’achevait d’ici trois jours.
+++
« Tu n’as donc pas froid ainsi vêtue ? »
Ayumi sursauta à moitié. Elle était arrivée dans le square où elle avait l’habitude de méditer. Son banc était occupé par… Un des jeunes hommes qu’elle avait rencontré il y a quelques jours. Son visage se referma comme une huître. Elle grommela et pesta des paroles incompréhensibles avant de soupirer lourdement. Mais que faisait-il là ? Etait-ce pour la provoquer ? Voulait-il la mettre en colère ?
« Ca te regarde peut-être ? T’es pas mon père ! »
Elle reçut comme un choc en prononçant ces paroles. Son père… Lorsqu’elle prononçait ce mot, elle revoyait le visage dur, impitoyable, de Daisuke. Il prétendait l’avoir prise sous son aile alors que ses parents étaient décédés d’un accident de voiture. Ayumi se raccrochait à cette réalité puisque c’était la seule qu’elle connaissait. Plusieurs fois elle lui avait demandé si elle n’avait pas des autres membres de sa famille en vie. Et à chaque fois, il lui répondait que c’était LUI et LUI seul sa famille et qu’elle ne devait pas se poser plus de questions.
« Non… Mais il fait très froid et tu es courtement vêtue… »
Cette réponse ramena la jeune fille blonde à la réalité. Elle reposa son regard métallique sur le jeune homme. Pourquoi la contemplait-il ainsi ? Pourquoi s’était-il levé ? Pourquoi avait-il ôté sa veste ? Pourquoi rapprochait-il cette même veste de ses épaules ? POURQUOI ?!
« Tiens… Il ne faudrait pas que tu tombes malade. »
Ayumi se crispa violemment lorsque le vêtement se posa sur ses frêles épaules. Elle décroisa ses bras et eut un mouvement pour retirer la veste. Mais le jeune homme l’empêcha d’agir. Il lui retint des poignets et secoua la tête.
« Non, tu la gardes ! Tu es humaine comme nous tous. Tu ne dois pas tomber inutilement malade. »
Surprise, la jeune fille s’immobilisa. Elle HAÏSSAIT se retrouver dans ce genre de position où elle avait tord, où elle ne pouvait rien répliquer. Elle grogna violemment et détourna la tête. Et Kyô sourit enfin. Il retourna s’asseoir sur le banc et il contempla le ciel qui se couvrait gentiment. Il était content d’avoir capté l’attention de la jeune fille blonde. Il ferma les yeux, un petit sourire doux sur ses lèvres.
« T’es qui pour te permettre d’agir comme ça avec moi ? » Finit par demander Ayumi, avec une agressivité non feinte.
Kyô éclata d’un rire clair. Il baissa la tête et ouvrit les yeux pour regarder la jeune prostituée. Il croisa les bras après avoir tapoté la place de libre près de lui. Un petit sourire espiègle régnait sur ses lèvres. Il n’était pas si bête que cela, put constater la fille.
« Assieds-toi, je déteste parler lorsque je suis assis et mon interlocuteur debout. »
Totalement résignée, Ayu s’exécuta. Ce jeune homme l’intriguait, elle devait l’avouer. Pourquoi était-il si gentil et serviable avec une loque comme elle ? Les gens étaient bien fous de leurs jours. Elle soupira lourdement et s’assit à distance respectable entre lui et elle. Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin quand même ! Un silence pesant s’installa entre eux. Kyô s’amusait à le faire durer pour fragiliser la patience de la jeune fille. Et cette tactique s’avéra utile.
« Alors ? Ma question ? T’y réponds ou merde ? »
« Du calme chère demoiselle ! Je vais y répondre. Je m’appelle Kyô. »
« Kyô… »
… Court flash back …
« KYÔ ! AU SECOURS ! ILS ME FONT DU MAL ! KYÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔ !!! »
… Retour à la réalité …
« KYÔ ! JE HAIS CE PRENOM ! »
Surpris, le jeune homme sursauta. Il avait remarqué qu’elle avait été ailleurs quelques secondes durant. Mais qu’est-ce qui l’avait poussée à hurler ainsi ? Et pourquoi détestait-elle tant son prénom. La haine brillait dans son regard bleu. Un violent coup de vent avait décroché la pince de ses cheveux et une longue masse informe et blonde se répandit autour de ses épaules. Plus que jamais elle avait l’air bestial.
« Ah ? Et pourquoi ? » Demanda-t-il, intrigué.
« Ca ne te regarde pas ! Je hais ce prénom, c’est tout ! »
« Très bien, très bien ! Et je peux connaître ton prénom, tête de mule ? »
Etait-ce une provocation ? Si c’était le cas, Ayumi ne l’apprécia guère et elle se leva d’un bond. Personne n’avait le droit de lui donner des surnoms, personne ! Et encore moins un étranger ! Elle lui jeta la veste à la figure avant de commencer à partir.
« Ey ! Calme-toi ! Je plaisantais. » S’écria-t-il après l’avoir rattrapée.
Ayumi frissonna violemment lorsqu’elle sentit Kyô l’attraper par le bras. Elle détestait les contacts physiques ! Un peu étonnant pour une prostituée. Mais si seulement ses clients savaient à quel point elle était dégoûtée à chaque fois que l’un d’entre eux la touchait ! Elle en avait à chaque fois la nausée. Mais c’était ça et l’argent ou la crise de manque, les vomissements, les envies de mourir…
« Aya… »
Son pseudonyme, en quelque sorte. Kyô hocha la tête avant de la relâcher. La jeune fille lui jeta un regard étrange avant de se mettre à courir. Elle savait que cette fois, il ne la poursuivrait pas. Elle disparut bientôt au coin d’un rue. Elle devait travailler à présent. Et plus que jamais elle se sentait mal et ça n’avait rien à voir avec le manque de drogue…
+++
« Alors, tu l’as revu cette blondinette trop canon ? »
Un gros soupir se fit entendre dans toute la chambre. Kyô et Kakéru étaient en train de ranger leurs affaires. Le lendemain, ils rentreraient à Tôkyô. Ces deux semaines avaient passé bien vite ! Ils avaient eu le temps de visiter tous les musées, les sites et monuments importants dans la ville et la périphérie. Etant à la Fac, ils devraient ensuite écrire un rapport détaillé de leurs visites suivi d’un petit exposé. Une note qui compterait plus de cinq fois était de mise : ils n’avaient pas intérêt à rater leur travail ! Ils avaient deux mois de délai, pas un jour de plus.
« Oui, je l’ai revue… Au même endroit. »
« Ouaaaaaaaaaaaaaah ! Balèze ! Et alors ? Comment s’appelle-t-elle ? Vous avez fixé un lieu de rendez-vous, vous allez vous revoir ? »
Kyô ne put s’empêcher de rire devant l’empressement de son ami : il voulait toujours tout savoir ! Il ferma vivement la fermeture Eclair de son sac de voyage avant de le jeter au sol. Il en avait terminé avec ses bagages ! Il se jeta sur son lit, à plat ventre.
« Elle s’appelle Aya et non, nous n’allons pas nous revoir. Elle a littéralement fui après m’avoir dévoilé son identité. »
Kakéru s’assit au bord de son lit et soupira en secouant la tête comme un fou. Ses cheveux noirs volaient dans tous les sens. Kyô haussa un sourcil avant d’éclater de rire : ce qu’il était stupide et avait l’air idiot !
« Je suis désolé pour toi, mon vieux… Ce sera pour une prochaine fois ! On part demain de toute façon. T’as plus aucune chance avec la blonde. »
Kyô pouffa de rire avant d’envoyer un coussin dans la face de Kakéru. Ce dernier protesta et répliqua en envoyant sa couverture. Une bataille s’engagea jusqu’à ce qu’on frappe violemment contre la porte et qu’un des professeurs entre.
« Calmez-vous ! Sinon ce sera trois heures de retenue à votre arrivée ! Maintenant, éteignez les lampes ! Réveil à cinq heures demain matin. »
« Clac ! » La porte se referma violemment. Les deux amis pouffèrent discrètement avant de remettre un semblant d’ordre dans leur chambre. Ensuite, ils se glissèrent entre les draps et cherchèrent le sommeil. Kakéru fut le premier à le trouver tandis que Kyô avait les yeux grands ouverts et fixait le plafond d’un air rêveur et distant…
+++
« Le compte est bon ! Départ dans dix minutes ! »
Tous les élèves se dirigèrent vers le chauffeur du car qui rangea les bagages dans la soute. Comme pour le voyage d’aller, Kakéru et Kyô gardèrent leur sac à dos. Durant le trajet, ils allaient s’ennuyer au bout d’un certain moment alors il valait mieux prévoir un bon livre ainsi que de la musique entraînante !
Bientôt, les surveillants et les professeurs revinrent. Ils recomptèrent les élèves à mesure qu’ils montaient dans le véhicule. Kyô fut le dernier et il avait presque fini de gravir les quelques marches menant dans le car lorsqu’une voix l’interpella. Une voix qu’il avait entendu très peu de fois mais il l’aurait reconnue entre mille.
« KYÔ ! Où habites-tu ? KYÔ ! Réponds-moi ! »
Le professeur poussait pratiquement le jeune homme dans le car : il ne tolérait pas le retard. Kyô eut juste le temps de tourner la tête avant que la porte ne se referme. Il vit Ayumi qui courait à en perdre haleine. Mais que faisait-elle là ? Et comment l’avait-elle retrouvé ? Il avait saisi sa question au vol et le car démarrait déjà. Il hurla qu’on lui donne une feuille et un stylo. Une élève de sa classe lui tendit ce dont il avait besoin : elle était férue d’écriture et avait toujours un bloc de feuilles et de quoi écrire près d’elle.
Kyô s’empressa d’écrire le nom de la ville où il résidait : Tôkyô. Il se rua à l’arrière du car, bousculant quelques élèves. Il plaqua ensuite la feuille contre la vitre arrière alors qu’Ayumi courait toujours derrière le véhicule. Une fois qu’elle put lire ces quelques idéogrammes, elle ralentit l’allure et s’arrêta complètement, seule, sur le petit chemin. Elle était vêtue des mêmes vêtements que la dernière fois, lorsqu’ils s’étaient revus dans le square.
« Tôkyô… » Souffla-t-elle après un long moment.
Elle baissa la tête et tourna les talons : son train-train quotidien l’attendait, c’est-à-dire la prostitution…
(Fin du chapitre 3)
Nouvelle légende:
Bleu foncé = Le professeur de Kyô et Kakéru
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
Chapitre 4
« Alors Kyô, tu as réussi ton examen ? »
Le jeune homme venait de rentrer chez lui, quatre dossiers en main. Il arborait un sourire mi excité, mi fier. Il brandit ses dossiers avant de les envoyer sur la table de la cuisine. Il jeta son sac sur une chaise avant de se mettre à danser. Lorsqu’un excès de joie le prenait subitement, il ne se gênait pas de le montrer ! Yama, sa mère, le prit dans ses bras : elle avait compris qu’il avait réussi. Elle connaissait son fils mieux que quiconque. Sur certains points… D’autres parties de lui restaient encore obscures pour elle.
« Oui ! Les professeurs m’ont même demandé où j’avais trouvé toute cette inspiration ! Et je dois avouer que je l’ignore moi-même…»
La mère éclata de rire avant de relâcher son fils. Elle avait toujours rêvé qu’il entre à la Fac, et maintenant qu’il y était et qu’il avait réussi son année scolaire, elle était fière, mais fière de son fils ! Elle savait qu’il aurait un grand avenir et qu’un jour, il deviendrait quelqu’un. Il allait peut-être pouvoir effacer ce qui était arrivé à leur famille, onze ans plus tôt… Il allait finir par oublier. Il fera de plus en plus de rencontres et de voyages et il connaîtrait d’autres gens. Et un beau jour, il oublierait Ayumi… Du moins, c’est ce que Yama espérait. Elle n’en pouvait plus de voir son fils souffrir continuellement. Il était rongé de l’intérieur par cette douleur, elle le sentait. Son fils… Son Kyô… Elle croyait se rapprocher de lui, mais oh ! Comme elle avait tord ! En réalité, plus le temps passait, et plus ils s’éloignaient… Les illusions sont belles… Trop parfois. Et ensuite, elles tombent en ruine telles des murailles bombardées par des boulets.
« J’ai trouvé un job ailleurs… Je pars demain matin, Daisuke. »
Ayumi se tenait droite, fière, devant l’homme qui l’avait élevée depuis ses six ans. Elle avait un regard hautain et le défiait ouvertement : il était terminé le temps où elle se pliait aux quatre volontés de Daisuke ! Elle avait les mains posées sur ses hanches et elle fixait presque durement l’homme qui lui faisait face. Oui, elle lui cracherait en plein visage si elle en avait l’occasion ! Elle lui arracherait les yeux à la petite cuiller et les donnerait en pâture à des chiens errants. Elle était d’humeur sadique, rebelle et elle ne comptait pas se laisser faire !
« Que dis-tu ? Tu as trouvé un autre job mieux que ce lui que je t’ai donné ? Tu te fous de moi ? »
« Non. Je quitte cette ville pourrie, cet hôtel qui me sert de maison et tous ces gens minables ! J’en ai marre ! Je veux ma liberté… »
Un claquement sonore se fit entendre. Un peu choquée, Ayumi se retrouva acculée au mur. Elle avait une main sur sa joue et elle fixait Daisuke avec haine. Elle voulut se ruer en avant pour le rouer de coups, mais ce fut l’homme le plus rapide. Il lui saisit les poignets et la plaqua contre le mur, avec violence. Il sourit tel un prédateur heureux d’avoir enfin attrapé sa proie.
« Tu ne partiras nulle part… Tu es à moi, tu m’appartiens ! Je t’ai élevée, éduquée, nourrie, logée, donné un boulot. Et c’est comme ça que tu me remercies ! Espèce d’ingrate ! »
Une nouvelle gifle fusa. La jeune adolescente se retrouva au sol, assise. Elle continua de défier Daisuke et elle se releva. Non, elle ne se laissera plus jamais faire ! Mais à nouveau, elle se retrouvait plaquée contre cette paroi si froide. Elle sentit la langue de l’homme effleurer son cou, à l’endroit de sa petite cicatrice. Elle ferma les yeux et se mordit violemment la lèvre. Elle avait envie de hurler, de pleurer, de frapper, mais elle ne pouvait rien faire !
« ESPECE DE SALAUD ! LÂCHEZ-MOI ! »
« Te lâcher ? Haha ! Et pourquoi donc ? Tu sais bien que personne n’interviendra… Tu sais que tu es seule… Tu es isolée. Je t’ai modelée à ma façon. Je t’ai appris à détester les gens, à les repousser, qui voudrait de toi à par moi ? »
Et Ayumi fondit en larmes : ce malotru avait raison ! Elle était seule ! Seule…
« TU M’AVAIS PROMIS ! JAMAIS TU NE DEVAIS M’ABANDONNER ! »
Ce hurlement, elle ignorait si c’était d’elle qu’il émanait. Mais elle pleurait, pleurait encore et encore. Des souvenirs indistincts remontaient en elle, mais ils étaient si flous ! Si beau pour la plupart ! Si… Irréels, et pourtant bien présents au fond de son cœur. Elle ignorait qui étaient les auteurs de ces scènes. Etait-ce des acteurs ? De véritables personnes ? Ou était-ce une souffrance supplémentaire, pour la faire tourner en bourrique ?
« Ne me touchez pas ! »
Non ! Elle refusait que ce porc la touche ! Elle refusait ! Elle hurlait, se débattait, alors que le rire tonitruant de Daisuke résonnait dans son esprit. Elle fut bientôt entraînée de force dans sa chambre. Malgré les hurlements et les coups qu’elle donnait, l’homme ne lâchait pas : il aurait ce qu’il voulait depuis tant d’années, et Ayumi le savait… Elle avait toujours su qu’elle était en sursis. Et maintenant, la sentence tombait ! Elle aurait dû fuir, ne rien lui dire ! Mais pouvait-elle débarquer dans la chambre, prendre un sac et y mettre tous ses habits sans que cela passe inaperçu ? Bien sûr que non !
Le matelas de son lit entra bientôt en contact avec son dos : personne ne viendrait… et surtout pas Rei. Il n’était pas là de toute façon. Dans un dernier effort, la jeune fille envoya un violent coup dans les parties génitales de son tortionnaire. Un cri de douleur lui échappa mais cela ne fit que décupler sa force. Il maintint sa victime dans une position des plus inconfortables avant de l’immobiliser totalement. Il ne la laisserait pas partir comme cela, ça non ! Il voulait d’abord goûter au plaisir dont il avait toujours aspiré ! Il avait dû attendre onze ans, onze ! Maintenant, s’en était trop ! Il ne la laisserait pas filer ! Il allait en faire son esclave et la mater, elle allait voir !
« Cesse de gigoter ! Pourtant, c’est ton métier de te faire baiser, non ? Alors pourquoi ne ferais-tu pas comme avec tes clients ? Je doute que tu hurles et cries comme ça avec eux ! Il faut que tu leur montres que tu ADORES ça, le sexe ! N’est-ce pas ? REPONDS ! »
« NON ! NON ! »
Elle ignorait si elle était énervée ou si elle avait peur. Mais elle hurlait à s’en casser la voix. Ayumi sentit les mains de son violeur glisser sous son bustier. Elle se débattit violemment mais Daisuke la maintint tranquille d’une violente gifle qui assomma à moitié la fille. L’homme continua alors son exploration et ses mains atteignirent bientôt les deux collines de son buste. Malheureusement, elles étaient obstruées par une bande de tissu. Il arracha pratiquement le vêtement de la jeune fille avant de découvrir cette poitrine si… Parfaite et généreuse. Il dégrafa rapidement le soutien-gorge avant de plonger tête la première dans cette poitrine si attirante.
« Arrêtez… Je vous en prie ! »
Mais aucune réponse ne parvint à Ayumi. Elle se sentait encore plus sale que d’habitude. Elle avait une seule envie : prendre une douche brûlante et se frotter la peau jusqu’à ce qu’elle rougisse, jusqu’à ce qu’elle s’enlève et qu’une autre couche vienne remplacer la première. Elle ne pouvait pas bouger et par conséquent, elle sentit les mains de l’homme glisser le long de son corps avant d’arriver à sa minijupe. Il glissa sa main sous le vêtement et le sous-vêtement. Elle aurait mille fois préféré que ce soit un client lui inflige un traitement semblable à celui-ci… Malgré tout, un gémissement sonore lui échappa. Un gémissement de douleur. Déjà qu’il maltraitait sa poitrine, alors qu’il se modère sur les autres parties ! Mais non, Monsieur en avait décidé autrement ! Comme toujours, les hommes pensent seulement avec leur organe génital !
Comprenant qu’il serait inutile de résister plus longtemps, la jeune fille ferma les yeux et décida de se laisser faire. Elle préférait couper son esprit de la réalité, penser à autre chose pendant qu’un homme martyrisait son corps. Elle se mordait violemment la lèvre et du sang s’écoule le long de son menton. Elle eut du mal à retenir un cri lorsqu’il la pénétra violemment. Elle espérait que ce serait vite terminé ! Elle ne supportait pas ce corps étranger en elle ! Et elle ne lui ferait pas le plaisir de hurler ou de gémir, ça non ! Ca tombait assez bien parce qu’elle ne ressentait pas une once de plaisir… De la douleur, voilà tout ce dont elle était consciente de ressentir… Et plus ce porc accélérait la cadence et plus elle souffrait, plus elle était meurtrie, plus elle se refermait…
Combien de temps subit-elle ce châtiment ? Des heures et des heures ! Si bien qu’à la fin, elle ne sentait même plus son bas-ventre… Lorsqu’elle se redressa enfin, seule, ensanglantée- car beaucoup de sang avait coulé durant ce rapport forcé- elle éclata en sanglot. Elle avait si mal partout ! Son corps portait des traces de coups et blessures. Elle n’arriva même pas à soulager sa vessie sans crier sa douleur… Elle se rhabilla et une fois un peu plus lucide, elle embarqua les économies qu’elle avait faites et elle quitta l’hôtel. Daisuke la laissa partir : il la retrouverait… De loin, il la guettait et souriait, heureux d’avoir eu ce qu’il convoitait tant.
« Alors Kyô, tu as réussi ton examen ? »
Le jeune homme venait de rentrer chez lui, quatre dossiers en main. Il arborait un sourire mi excité, mi fier. Il brandit ses dossiers avant de les envoyer sur la table de la cuisine. Il jeta son sac sur une chaise avant de se mettre à danser. Lorsqu’un excès de joie le prenait subitement, il ne se gênait pas de le montrer ! Yama, sa mère, le prit dans ses bras : elle avait compris qu’il avait réussi. Elle connaissait son fils mieux que quiconque. Sur certains points… D’autres parties de lui restaient encore obscures pour elle.
« Oui ! Les professeurs m’ont même demandé où j’avais trouvé toute cette inspiration ! Et je dois avouer que je l’ignore moi-même…»
La mère éclata de rire avant de relâcher son fils. Elle avait toujours rêvé qu’il entre à la Fac, et maintenant qu’il y était et qu’il avait réussi son année scolaire, elle était fière, mais fière de son fils ! Elle savait qu’il aurait un grand avenir et qu’un jour, il deviendrait quelqu’un. Il allait peut-être pouvoir effacer ce qui était arrivé à leur famille, onze ans plus tôt… Il allait finir par oublier. Il fera de plus en plus de rencontres et de voyages et il connaîtrait d’autres gens. Et un beau jour, il oublierait Ayumi… Du moins, c’est ce que Yama espérait. Elle n’en pouvait plus de voir son fils souffrir continuellement. Il était rongé de l’intérieur par cette douleur, elle le sentait. Son fils… Son Kyô… Elle croyait se rapprocher de lui, mais oh ! Comme elle avait tord ! En réalité, plus le temps passait, et plus ils s’éloignaient… Les illusions sont belles… Trop parfois. Et ensuite, elles tombent en ruine telles des murailles bombardées par des boulets.
+++
« J’ai trouvé un job ailleurs… Je pars demain matin, Daisuke. »
Ayumi se tenait droite, fière, devant l’homme qui l’avait élevée depuis ses six ans. Elle avait un regard hautain et le défiait ouvertement : il était terminé le temps où elle se pliait aux quatre volontés de Daisuke ! Elle avait les mains posées sur ses hanches et elle fixait presque durement l’homme qui lui faisait face. Oui, elle lui cracherait en plein visage si elle en avait l’occasion ! Elle lui arracherait les yeux à la petite cuiller et les donnerait en pâture à des chiens errants. Elle était d’humeur sadique, rebelle et elle ne comptait pas se laisser faire !
« Que dis-tu ? Tu as trouvé un autre job mieux que ce lui que je t’ai donné ? Tu te fous de moi ? »
« Non. Je quitte cette ville pourrie, cet hôtel qui me sert de maison et tous ces gens minables ! J’en ai marre ! Je veux ma liberté… »
Un claquement sonore se fit entendre. Un peu choquée, Ayumi se retrouva acculée au mur. Elle avait une main sur sa joue et elle fixait Daisuke avec haine. Elle voulut se ruer en avant pour le rouer de coups, mais ce fut l’homme le plus rapide. Il lui saisit les poignets et la plaqua contre le mur, avec violence. Il sourit tel un prédateur heureux d’avoir enfin attrapé sa proie.
« Tu ne partiras nulle part… Tu es à moi, tu m’appartiens ! Je t’ai élevée, éduquée, nourrie, logée, donné un boulot. Et c’est comme ça que tu me remercies ! Espèce d’ingrate ! »
Une nouvelle gifle fusa. La jeune adolescente se retrouva au sol, assise. Elle continua de défier Daisuke et elle se releva. Non, elle ne se laissera plus jamais faire ! Mais à nouveau, elle se retrouvait plaquée contre cette paroi si froide. Elle sentit la langue de l’homme effleurer son cou, à l’endroit de sa petite cicatrice. Elle ferma les yeux et se mordit violemment la lèvre. Elle avait envie de hurler, de pleurer, de frapper, mais elle ne pouvait rien faire !
« ESPECE DE SALAUD ! LÂCHEZ-MOI ! »
« Te lâcher ? Haha ! Et pourquoi donc ? Tu sais bien que personne n’interviendra… Tu sais que tu es seule… Tu es isolée. Je t’ai modelée à ma façon. Je t’ai appris à détester les gens, à les repousser, qui voudrait de toi à par moi ? »
Et Ayumi fondit en larmes : ce malotru avait raison ! Elle était seule ! Seule…
« TU M’AVAIS PROMIS ! JAMAIS TU NE DEVAIS M’ABANDONNER ! »
Ce hurlement, elle ignorait si c’était d’elle qu’il émanait. Mais elle pleurait, pleurait encore et encore. Des souvenirs indistincts remontaient en elle, mais ils étaient si flous ! Si beau pour la plupart ! Si… Irréels, et pourtant bien présents au fond de son cœur. Elle ignorait qui étaient les auteurs de ces scènes. Etait-ce des acteurs ? De véritables personnes ? Ou était-ce une souffrance supplémentaire, pour la faire tourner en bourrique ?
« Ne me touchez pas ! »
Non ! Elle refusait que ce porc la touche ! Elle refusait ! Elle hurlait, se débattait, alors que le rire tonitruant de Daisuke résonnait dans son esprit. Elle fut bientôt entraînée de force dans sa chambre. Malgré les hurlements et les coups qu’elle donnait, l’homme ne lâchait pas : il aurait ce qu’il voulait depuis tant d’années, et Ayumi le savait… Elle avait toujours su qu’elle était en sursis. Et maintenant, la sentence tombait ! Elle aurait dû fuir, ne rien lui dire ! Mais pouvait-elle débarquer dans la chambre, prendre un sac et y mettre tous ses habits sans que cela passe inaperçu ? Bien sûr que non !
Le matelas de son lit entra bientôt en contact avec son dos : personne ne viendrait… et surtout pas Rei. Il n’était pas là de toute façon. Dans un dernier effort, la jeune fille envoya un violent coup dans les parties génitales de son tortionnaire. Un cri de douleur lui échappa mais cela ne fit que décupler sa force. Il maintint sa victime dans une position des plus inconfortables avant de l’immobiliser totalement. Il ne la laisserait pas partir comme cela, ça non ! Il voulait d’abord goûter au plaisir dont il avait toujours aspiré ! Il avait dû attendre onze ans, onze ! Maintenant, s’en était trop ! Il ne la laisserait pas filer ! Il allait en faire son esclave et la mater, elle allait voir !
« Cesse de gigoter ! Pourtant, c’est ton métier de te faire baiser, non ? Alors pourquoi ne ferais-tu pas comme avec tes clients ? Je doute que tu hurles et cries comme ça avec eux ! Il faut que tu leur montres que tu ADORES ça, le sexe ! N’est-ce pas ? REPONDS ! »
« NON ! NON ! »
Elle ignorait si elle était énervée ou si elle avait peur. Mais elle hurlait à s’en casser la voix. Ayumi sentit les mains de son violeur glisser sous son bustier. Elle se débattit violemment mais Daisuke la maintint tranquille d’une violente gifle qui assomma à moitié la fille. L’homme continua alors son exploration et ses mains atteignirent bientôt les deux collines de son buste. Malheureusement, elles étaient obstruées par une bande de tissu. Il arracha pratiquement le vêtement de la jeune fille avant de découvrir cette poitrine si… Parfaite et généreuse. Il dégrafa rapidement le soutien-gorge avant de plonger tête la première dans cette poitrine si attirante.
« Arrêtez… Je vous en prie ! »
Mais aucune réponse ne parvint à Ayumi. Elle se sentait encore plus sale que d’habitude. Elle avait une seule envie : prendre une douche brûlante et se frotter la peau jusqu’à ce qu’elle rougisse, jusqu’à ce qu’elle s’enlève et qu’une autre couche vienne remplacer la première. Elle ne pouvait pas bouger et par conséquent, elle sentit les mains de l’homme glisser le long de son corps avant d’arriver à sa minijupe. Il glissa sa main sous le vêtement et le sous-vêtement. Elle aurait mille fois préféré que ce soit un client lui inflige un traitement semblable à celui-ci… Malgré tout, un gémissement sonore lui échappa. Un gémissement de douleur. Déjà qu’il maltraitait sa poitrine, alors qu’il se modère sur les autres parties ! Mais non, Monsieur en avait décidé autrement ! Comme toujours, les hommes pensent seulement avec leur organe génital !
Comprenant qu’il serait inutile de résister plus longtemps, la jeune fille ferma les yeux et décida de se laisser faire. Elle préférait couper son esprit de la réalité, penser à autre chose pendant qu’un homme martyrisait son corps. Elle se mordait violemment la lèvre et du sang s’écoule le long de son menton. Elle eut du mal à retenir un cri lorsqu’il la pénétra violemment. Elle espérait que ce serait vite terminé ! Elle ne supportait pas ce corps étranger en elle ! Et elle ne lui ferait pas le plaisir de hurler ou de gémir, ça non ! Ca tombait assez bien parce qu’elle ne ressentait pas une once de plaisir… De la douleur, voilà tout ce dont elle était consciente de ressentir… Et plus ce porc accélérait la cadence et plus elle souffrait, plus elle était meurtrie, plus elle se refermait…
Combien de temps subit-elle ce châtiment ? Des heures et des heures ! Si bien qu’à la fin, elle ne sentait même plus son bas-ventre… Lorsqu’elle se redressa enfin, seule, ensanglantée- car beaucoup de sang avait coulé durant ce rapport forcé- elle éclata en sanglot. Elle avait si mal partout ! Son corps portait des traces de coups et blessures. Elle n’arriva même pas à soulager sa vessie sans crier sa douleur… Elle se rhabilla et une fois un peu plus lucide, elle embarqua les économies qu’elle avait faites et elle quitta l’hôtel. Daisuke la laissa partir : il la retrouverait… De loin, il la guettait et souriait, heureux d’avoir eu ce qu’il convoitait tant.
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
(Suite du chapitre 4)
« Alors, tu fais quoi ce soir Kyô-kun ? »
« Mmm… Je ne sais pas… »
« Alors viens avec nous ! On va boire un verre, sortir en boîte, draguer les filles… Bon sang, on a réussi nos examens ! On peut bien fêter ça ! »
Kyô soupira. Il secoua la tête et se mit sur le dos. Il fixa le plafond de sa chambre. Il était chez lui, la fin de l’année était enfin arrivée. Ils allaient pouvoir profiter pleinement des grandes vacances ! Kyô était content qu’elles arrivent enfin : ils devaient faire le point. Mais il ne fallait pas oublier qu’il ne devait pas rester isolé des autres, asocial. De plus, il ne pouvait pas tout le temps refuser les invitations de son meilleur ami…
« D’accord, mais oublie la drague pour moi… »
Kakéru éclata de rire et il envoya une sacrée claque sur la cuisse de Kyô. Ce dernier hurla de douleur avant de se redresser d’un bond. Il se rua sur son ami avec son coussin et il lui envoya des coups non retenus. Mais bon, un coussin de plumes ne faisait pas si mal que ça ! Il finit par éclater de rire alors que Kakéru criait grâce. Mais il n’arrêterait pas de sitôt, à moins qu’il ne soit en train de mourir étouffé !
« Pitié ! J’en peux plus… Je manque d’air… »
« Ah ouais… T’es asthmatique… »
Et il éclata de rire, même s’il n’y avait rien de drôle là-dedans. Il finit par lâcher son coussin et il se laissa aller en arrière, allongé au sol. Il fixa le plafond blanc de ses yeux marron. Il soupira lourdement : il sentait toute la pression de l’année se relâcher. Il ne pensait plus à rien : ni à ses cours, ni aux examens, ni à ce voyage scolaire, ni à cette fille blonde… A rien. Le vide sidéral envahit son esprit. Il ferma les yeux et se laissa bercer par le silence…
Quelques heures plus tard, on retrouvait les deux amis dans le bar d’étudiants le plus populaire de Tôkyô. Kyô avait bu seulement trois bières et il était déjà bien joyeux ! Il racontait des bêtises et riait pour tout et pour rien. Mais étrangement, il n’approchait jamais les filles lorsqu’il était en état d’ivresse. Ni même lorsqu’il était sobre… L’alcool n’avait aucune influence sur ses pulsions. C’était comme si la gente féminine ne l’intéressait pas. Il ne se sentait pas concerné… Au fond de lui, Ayumi était la seule… La seule qui aurait pu le faire céder, le faire flancher. C’est seulement lorsqu’il faisait la fête, était en cours ou s’occupait l’esprit qu’il ne pensait pas à elle. Sinon, le reste du temps, il se demandait où son petit corps avait disparu. Pourquoi aucune police n’avait retrouvé sa trace ? Pourquoi sa tombe était-elle vide ? Le cercueil ne contenait aucun corps… Et pourtant, ils avaient dû la déclarer décédée puisque ça faisait plus de dix ans qu’elle avait disparue, malgré les recherches. Et pourtant, Kyô se refusait à la croire morte tant qu’il n’aurait pas vu le corps de sa cousine.
Yama croyait son fils résolu à accepter la mort de sa cousine à cause de cet enterrement. Mais au fond de lui, il n’était pas prêt à accepter ce fait. Même s’il restait parfois des heures devant cette stèle, il implorait plutôt les Dieux de lui permettre de la retrouver. Il voulait la revoir, morte ou vivante ! Peu importe, il voulait une preuve ! Il voulait des faits CONCRETS ! Pas de suppositions. Il ferma les yeux.
« Kakéru-kun, je dois rentrer… »
« Oh ! Kyô-chan ! Je t’en supplie ! Ne me laisse pas ! »
« Passe demain après-midi à la maison… J’ai mal à la tête, je rentre. »
Kakéru soupira et hocha la tête. Il donna l’accolade à son ami avant de le regarder quitter le bar. Il consacra tout le reste de la soirée à faire des rencontres, à discuter, à se saouler aussi. Quand il faisait la fête, ce n’était certainement pas à moitié !
« Kyô… »
Cette voix… Cette voix si douce, si… Chevrotante et faible. Kyô secoua la tête : il avait certainement abusé sur la bière… Pourtant, il n’avait bu que trois verres ! Il grogna et bâilla : il arriverait bientôt chez lui et il dormirait. Il n’entendrait plus cette voix débile dans son esprit ! Il était en train de délirer, c’était bien connu lorsqu’on avait un abus d’alcool ! Il progressait toujours aussi prudemment lorsqu’il entendit à nouveau cette voix.
« Kyô… Arrête-toi… S’il te plaît… Je suis là… »
Là, le jeune homme s’arrêta. Il tourna la tête de tous les côtés, scrutant les ténèbres. Il arqua un sourcil : mais qui lui parlait ? Il devait très certainement rêver ! Il grogna fortement et toisa méchamment un arbre, un banc et un muret.
« Arrêtez ! Taisez-vous, saletés de voix ! Je ne suis pas fou ! J’ai juste un peu abusé sur l’alcool. »
« Kyô… Je suis là… Le buisson… »
Intrigué, Kyô marcha quand même en direction dudit buisson. Il aperçut alors un visage apeuré, des yeux brillants, des cheveux entremêlés… La silhouette était allongée et même s’il faisait noir, Kyô remarqua que la personne s’était fait maltraiter. Il s’agenouilla à ses côtés et s’empara de son portable : qui était cette jeune fille qui connaissait son identité ? Il détestait les filles… Il appuya sur une touche de son portable et il éclaira le visage de cette « intruse ».
« Aya ! Que fais-tu ici ? »
Il semblait avoir retrouvé sa lucidité. Il retira vivement sa veste et il la mit sur la jeune fille. Mon dieu, jamais il n’aurait pensé être si affecté de la découvrir dans cet état ! Et jamais il n’aurait pensé la revoir un jour. Il lui avait bien indiqué la ville dans laquelle il vivait, mais jamais il n’aurait imaginé la voir débarquer…
« Aide-moi, s’il te plaît… Je ne veux pas retourner là-bas… Aïe ! »
Elle se recroquevilla brusquement. Elle se tordit de douleur et hurla un bon coup avant d’éclater en sanglot. Inquiet, Kyô la prit dans ses bras. Sa maison n’était plus qu’à quelques rues de là. Il avança rapidement, sentant à peine le poids de la jeune fille blonde. Il avait un peu peur à vrai dire : que lui était-il arrivé ? Il aperçut bientôt sa maison : aucune lumière. Sa mère devait certainement dormir à l’heure qu’il était. Il déposa la jeune fille contre le petit muret se trouvant près de la porte d’entrée et il l’appuya contre le mur. Il sortit les clés de sa poche et il ouvrit la porte. Il reprit Ayumi dans ses bras avant d’entrer chez lui. Il referma la porte et se dirigea silencieusement dans le salon. Il déposa la fille sur le canapé et il l’allongea. Il alluma une lampe de chevet et il put voir l’ampleur des dégâts.
« Mon Dieu ! Aya, qui t’a fait ça ? »
« Je… Je… Mon père… »
Pourquoi avait-elle employé ce mot ? Ce n’était pas son père ! Elle le haïssait ! Elle ferma les yeux et se recroquevilla : elle avait si mal ! De grosses larmes coulaient de ses yeux. De ses yeux si bleus… Si purs…
« J’appelle ma mère : il faut aller à l’hôpital. »
« NON ! Je ne veux pas y aller, je ne veux pas ! »
« Mais il faut te soigner ! Accepte au moins de voir un médecin… Il viendra à domicile. »
« Non, il va me retrouver, il va… Me… Non ! »
Et elle partit à nouveau dans une crise de larmes. Kyô grogna et il revint vers elle. Il lui prit le visage entre ses mains et planta son regard dans le sien. Son regard était dur.
« Aya, il ne te retrouvera pas ! Les médecins sont tenus au secret. Tu n’es même pas obligée de lui révéler ton identité. Accepte de voir ce médecin, sinon je te mène à l’hôpital ! »
Un peu apeurée, la jeune fille hocha la tête. Elle dégagea sa tête, craignant ce regard. Elle avait peur de subir à nouveau ce qu’elle avait dû endurer. Elle se recroquevilla et elle finit par s’endormir. Elle aurait tant voulu dormir pour l’éternité !
Kyô l’observa un instant. Il soupira. Il la reprit tout contre lui avant de quitter le salon. Il monta les escaliers menant aux chambres de l’étage. Il trouva la chambre d’amis, qui heureusement était ouverte, et il alla allongea la fille sur le lit. Ensuite il prit son portable et il appela le médecin, lui expliquant la situation avec les informations qu’il avait. Puis il attendit, restant au chevet d’Aya. Il finit par s’endormir, totalement épuisé… Le médecin viendrait demain matin, il avait le temps d’expliquer la situation à sa mère…
+++
« Alors, tu fais quoi ce soir Kyô-kun ? »
« Mmm… Je ne sais pas… »
« Alors viens avec nous ! On va boire un verre, sortir en boîte, draguer les filles… Bon sang, on a réussi nos examens ! On peut bien fêter ça ! »
Kyô soupira. Il secoua la tête et se mit sur le dos. Il fixa le plafond de sa chambre. Il était chez lui, la fin de l’année était enfin arrivée. Ils allaient pouvoir profiter pleinement des grandes vacances ! Kyô était content qu’elles arrivent enfin : ils devaient faire le point. Mais il ne fallait pas oublier qu’il ne devait pas rester isolé des autres, asocial. De plus, il ne pouvait pas tout le temps refuser les invitations de son meilleur ami…
« D’accord, mais oublie la drague pour moi… »
Kakéru éclata de rire et il envoya une sacrée claque sur la cuisse de Kyô. Ce dernier hurla de douleur avant de se redresser d’un bond. Il se rua sur son ami avec son coussin et il lui envoya des coups non retenus. Mais bon, un coussin de plumes ne faisait pas si mal que ça ! Il finit par éclater de rire alors que Kakéru criait grâce. Mais il n’arrêterait pas de sitôt, à moins qu’il ne soit en train de mourir étouffé !
« Pitié ! J’en peux plus… Je manque d’air… »
« Ah ouais… T’es asthmatique… »
Et il éclata de rire, même s’il n’y avait rien de drôle là-dedans. Il finit par lâcher son coussin et il se laissa aller en arrière, allongé au sol. Il fixa le plafond blanc de ses yeux marron. Il soupira lourdement : il sentait toute la pression de l’année se relâcher. Il ne pensait plus à rien : ni à ses cours, ni aux examens, ni à ce voyage scolaire, ni à cette fille blonde… A rien. Le vide sidéral envahit son esprit. Il ferma les yeux et se laissa bercer par le silence…
Quelques heures plus tard, on retrouvait les deux amis dans le bar d’étudiants le plus populaire de Tôkyô. Kyô avait bu seulement trois bières et il était déjà bien joyeux ! Il racontait des bêtises et riait pour tout et pour rien. Mais étrangement, il n’approchait jamais les filles lorsqu’il était en état d’ivresse. Ni même lorsqu’il était sobre… L’alcool n’avait aucune influence sur ses pulsions. C’était comme si la gente féminine ne l’intéressait pas. Il ne se sentait pas concerné… Au fond de lui, Ayumi était la seule… La seule qui aurait pu le faire céder, le faire flancher. C’est seulement lorsqu’il faisait la fête, était en cours ou s’occupait l’esprit qu’il ne pensait pas à elle. Sinon, le reste du temps, il se demandait où son petit corps avait disparu. Pourquoi aucune police n’avait retrouvé sa trace ? Pourquoi sa tombe était-elle vide ? Le cercueil ne contenait aucun corps… Et pourtant, ils avaient dû la déclarer décédée puisque ça faisait plus de dix ans qu’elle avait disparue, malgré les recherches. Et pourtant, Kyô se refusait à la croire morte tant qu’il n’aurait pas vu le corps de sa cousine.
Yama croyait son fils résolu à accepter la mort de sa cousine à cause de cet enterrement. Mais au fond de lui, il n’était pas prêt à accepter ce fait. Même s’il restait parfois des heures devant cette stèle, il implorait plutôt les Dieux de lui permettre de la retrouver. Il voulait la revoir, morte ou vivante ! Peu importe, il voulait une preuve ! Il voulait des faits CONCRETS ! Pas de suppositions. Il ferma les yeux.
« Kakéru-kun, je dois rentrer… »
« Oh ! Kyô-chan ! Je t’en supplie ! Ne me laisse pas ! »
« Passe demain après-midi à la maison… J’ai mal à la tête, je rentre. »
Kakéru soupira et hocha la tête. Il donna l’accolade à son ami avant de le regarder quitter le bar. Il consacra tout le reste de la soirée à faire des rencontres, à discuter, à se saouler aussi. Quand il faisait la fête, ce n’était certainement pas à moitié !
+++
« Kyô… »
Cette voix… Cette voix si douce, si… Chevrotante et faible. Kyô secoua la tête : il avait certainement abusé sur la bière… Pourtant, il n’avait bu que trois verres ! Il grogna et bâilla : il arriverait bientôt chez lui et il dormirait. Il n’entendrait plus cette voix débile dans son esprit ! Il était en train de délirer, c’était bien connu lorsqu’on avait un abus d’alcool ! Il progressait toujours aussi prudemment lorsqu’il entendit à nouveau cette voix.
« Kyô… Arrête-toi… S’il te plaît… Je suis là… »
Là, le jeune homme s’arrêta. Il tourna la tête de tous les côtés, scrutant les ténèbres. Il arqua un sourcil : mais qui lui parlait ? Il devait très certainement rêver ! Il grogna fortement et toisa méchamment un arbre, un banc et un muret.
« Arrêtez ! Taisez-vous, saletés de voix ! Je ne suis pas fou ! J’ai juste un peu abusé sur l’alcool. »
« Kyô… Je suis là… Le buisson… »
Intrigué, Kyô marcha quand même en direction dudit buisson. Il aperçut alors un visage apeuré, des yeux brillants, des cheveux entremêlés… La silhouette était allongée et même s’il faisait noir, Kyô remarqua que la personne s’était fait maltraiter. Il s’agenouilla à ses côtés et s’empara de son portable : qui était cette jeune fille qui connaissait son identité ? Il détestait les filles… Il appuya sur une touche de son portable et il éclaira le visage de cette « intruse ».
« Aya ! Que fais-tu ici ? »
Il semblait avoir retrouvé sa lucidité. Il retira vivement sa veste et il la mit sur la jeune fille. Mon dieu, jamais il n’aurait pensé être si affecté de la découvrir dans cet état ! Et jamais il n’aurait pensé la revoir un jour. Il lui avait bien indiqué la ville dans laquelle il vivait, mais jamais il n’aurait imaginé la voir débarquer…
« Aide-moi, s’il te plaît… Je ne veux pas retourner là-bas… Aïe ! »
Elle se recroquevilla brusquement. Elle se tordit de douleur et hurla un bon coup avant d’éclater en sanglot. Inquiet, Kyô la prit dans ses bras. Sa maison n’était plus qu’à quelques rues de là. Il avança rapidement, sentant à peine le poids de la jeune fille blonde. Il avait un peu peur à vrai dire : que lui était-il arrivé ? Il aperçut bientôt sa maison : aucune lumière. Sa mère devait certainement dormir à l’heure qu’il était. Il déposa la jeune fille contre le petit muret se trouvant près de la porte d’entrée et il l’appuya contre le mur. Il sortit les clés de sa poche et il ouvrit la porte. Il reprit Ayumi dans ses bras avant d’entrer chez lui. Il referma la porte et se dirigea silencieusement dans le salon. Il déposa la fille sur le canapé et il l’allongea. Il alluma une lampe de chevet et il put voir l’ampleur des dégâts.
« Mon Dieu ! Aya, qui t’a fait ça ? »
« Je… Je… Mon père… »
Pourquoi avait-elle employé ce mot ? Ce n’était pas son père ! Elle le haïssait ! Elle ferma les yeux et se recroquevilla : elle avait si mal ! De grosses larmes coulaient de ses yeux. De ses yeux si bleus… Si purs…
« J’appelle ma mère : il faut aller à l’hôpital. »
« NON ! Je ne veux pas y aller, je ne veux pas ! »
« Mais il faut te soigner ! Accepte au moins de voir un médecin… Il viendra à domicile. »
« Non, il va me retrouver, il va… Me… Non ! »
Et elle partit à nouveau dans une crise de larmes. Kyô grogna et il revint vers elle. Il lui prit le visage entre ses mains et planta son regard dans le sien. Son regard était dur.
« Aya, il ne te retrouvera pas ! Les médecins sont tenus au secret. Tu n’es même pas obligée de lui révéler ton identité. Accepte de voir ce médecin, sinon je te mène à l’hôpital ! »
Un peu apeurée, la jeune fille hocha la tête. Elle dégagea sa tête, craignant ce regard. Elle avait peur de subir à nouveau ce qu’elle avait dû endurer. Elle se recroquevilla et elle finit par s’endormir. Elle aurait tant voulu dormir pour l’éternité !
Kyô l’observa un instant. Il soupira. Il la reprit tout contre lui avant de quitter le salon. Il monta les escaliers menant aux chambres de l’étage. Il trouva la chambre d’amis, qui heureusement était ouverte, et il alla allongea la fille sur le lit. Ensuite il prit son portable et il appela le médecin, lui expliquant la situation avec les informations qu’il avait. Puis il attendit, restant au chevet d’Aya. Il finit par s’endormir, totalement épuisé… Le médecin viendrait demain matin, il avait le temps d’expliquer la situation à sa mère…
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
Chapitre 5
« Kyô, c’est très important pour moi de savoir ce qui s’est passé… Il faut que tu me dises tout ce que tu sais. »
Le jeune homme se trouvant dans le couloir, près de la chambre où reposait Ayumi. Il était assez tard et le médecin n’avait pas pu se libérer avant cette heure tardive. La jeune fille avait dû patienter plus d’une semaine avant qu’un médecin ne l’examine. En comptant le voyage qu’elle avait effectué depuis Kyôto, bien entendu. Sino, cela faisait environ un jour qu’elle se trouvait à Tôkyô. La pauvre fille était vraiment mal en point et portait de nombreuses traces de coups et des bleus.
« Je n’en sais pas plus que vous ! Je vais ai tout dit à propos d’elle. Tout ce que je sais… Je l’ai découverte couchée derrière un buisson. Elle m’appelait, m’ayant reconnu. »
« Comment se fait-il qu’elle vous cherchez vous et pas une autre personne ? »
Exaspéré, Kyô grogna avant de laisser choir son corps sur une chaise. Il croisa les bras et posa son regard marron sur le vieil homme. Il était compétent, certes, mais il lui fallait toujours les plus infime détail !
« Je n’en sais rien ! On s’est rencontré à Kyôto, elle m’a demandé où j’habitais et je le lui ai dit. J’ignore pourquoi elle est venue me voir et pas une autre personne, ou une de ses amies ! Je n’en sais rien ! »
Voyant qu’il n’obtiendrait rien de plus, le docteur se tourna vers Yama, la mère de Kyô et il lui tendit un petit flacon rempli d’un liquide transparent. Il sortit un petit carnet de sa poche ainsi qu’un stylo. Il griffonna quelques notes sur la feuille vierge avant d’y apposer son tampon. Il tendit l’ordonnance à la femme.
« Donnez-lui quatre gouttes de ce liquide si la douleur est trop forte. Ensuite, il vous faudra aller chercher ces médicaments en pharmacie. Bien entendu, si vous n’avez pas d’assurance… »
« On a tout ce qu’il nous faut, je vous remercie docteur. Quand reviendriez-vous ? »
« Voyons voir... J’ai beaucoup de patients ces derniers temps… Je repasserai d’ici cinq jours. Si j’ai un empêchement, je vous préviendrais. »
Yama hocha la tête et raccompagna le médecin au vestibule. Elle lui tendit son chapeau ainsi que sa jaquette. Le vieil homme était frileux, malgré le temps resplendissant. Kyô, quant à lui, avait pris le flacon et l’ordonnance que tenait sa mère : il se chargera lui-même de la soigner. Mais il savait que sa mère était également prête à aider Ayumi. Sinon, pourquoi accepterait-elle de prendre des médicaments pour une inconnue et au nom de la famille ? Le jeune homme pénétra dans la chambre d’amis.
« Aya… Tu dors ? » Demanda-t-il doucement, après avoir soigneusement refermé la porte derrière lui.
Un léger froissement se fit entendre. La jeune fille venait de se retourner. Elle posa un regard fatigué sur Kyô. Elle lui sourit faiblement tout en restant pelotonnée sous la couverture. Les volets étaient fermés et seul un faible rayon de soleil arrivait à pénétrer dans la chambre. Ici régnait une atmosphère lugubre, de maladie et de douleur.
« Non… Pas encore… »
« Excuse-moi de te déranger… Je voulais savoir… Est-ce que tu souffres encore ? Le docteur a prescrit des médicaments… Et tu dois en prendre si tu as mal. »
« *Pourquoi est-ce que je m’occupe comme ça d’elle ? »* Se demanda-t-il en secouant la tête.
Ayumi se crispa et son regard redevint dur et froid. Elle toisa Kyô et secoua la tête. Mais on voyait bien que malgré les efforts qu’elle faisait pour rester impassible, la douleur était visible dans son regard bleu.
« Non, je n’ai pas mal. Je refuse que vous payiez pour moi. Je ne veux pas être une charge ! »
Kyô soupira bruyamment et posa vivement la feuille et le flacon sur la table de nuit. Il s’assit au bord du lit et obligea la fille à se recoucher, car elle s’était redressée. Son regard à lui était impénétrable et autoritaire.
« Aya, je t’ai dit qu’on s’occupait de tout et tu n’es pas une charge ! Crois-moi. Ma mère t’aurait déjà envoyé à l’hôpital si elle n’avait été d’accord de te garder le temps que tu te rétablisses. Alors dis-moi : est-ce que tu as mal ? Et ne me mens pas, moi qui essaie de t’aider et qui t’ai pratiquement sauvée ! »
Touchée à vif au sein même de sa fierté, Ayumi se mordit la lèvre et baissa le regard, se sentant honteuse d’agir ainsi envers son « sauveur ». Elle renifla pour retenir au mieux ses larmes, mais une goutte glissa sur sa joue et s’écrasa sur les draps blancs du lit. Interceptant la larme, Kyô amorça un geste pour prendre la blessée dans ses bras. Mais Ayumi se jeta pratiquement dans ses bras pour pleurer tout son soul.
« Oui, j’ai affreusement mal ! Depuis tant d’années je souffre… »
Le cœur de Kyô se serra violemment. Il ferma les yeux et referma ses bras autour du corps frêle de la jeune fille. Il la berça avec des gestes doux et lents. Oui, il allait s’occuper d’elle jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Et après… Ils verront bien pour la suite. Lorsque les larmes de la fille blonde se tarirent, il la relâcha légèrement avant de se mettre à chercher une cuiller. Il en trouva une dans un tiroir et il la nettoya à l’aide d’un mouchoir. Il revint près du lit et s’empara du flacon. Il le déboucha et versa quatre gouttes dans le réceptacle. Il approcha ensuite la cuiller de la bouche d’Aya.
« Allez, ouvre la bouche ! La douleur devrait passer rapidement… »
Docile, elle obéit. Elle avala rapidement le liquide amer et écoeurant avec une grimace de dégoût. Elle secoua la tête et se glissa à nouveau sous la couverture, aidée de Kyô. Elle lui faisait confiance… Oui… Entièrement confiance. Elle avait eu raison de frauder dans les transports en commun pour venir jusqu’à Tôkyô… Elle avait échappé à Daisuke. Un petit sourire endormi flotta sur ses lèvres.
« J’ai eu raison de venir… Merci… » Souffla-t-elle, à moitié endormie.
Kyô sourit légèrement tout en rebouchant le flacon. Il la regarda s’endormir avant de s’emparer de l’ordonnance. Il prit la carte d’assurance de sa mère et il dévala les escaliers. Il savait qu’Ayumi était entre de bonnes mains… Il courut dans la cuisine où sa mère préparait le repas du soir.
« Je passe à la pharmacie avant manger. Tu as besoin de quelque chose ? »
« Attends que je contrôle… Mm… Oui, prends une livre de pain, du thé et du riz s’il te plaît. »
« D’accord ! Aya s’est rendormie… Je lui ai donné quatre gouttes de ce médicament… »
« Tu l’aimes bien, n’est-ce pas ? » Demanda Yama.
Près de la porte d’entrée, Kyô s’arrêta. Il se retourna vers sa mère et resta sérieux avant de soupirer légèrement. Il hocha doucement la tête, admettant qu’il appréciait bien la jeune fille.
« Oui, elle est sympa… Mais tu sais, je la connais à peine et… Notre première rencontre a été assez explosive. Demande à Kakéru-kun quand il viendra ! »
Puis il s’échappa et se mit à courir dans la rue. Il passa d’abord à la pharmacie. Il lui fallut patienter quinze minutes avant d’être servi. Puis il se rendit au supermarché qui était sur le point de fermer. Décidément, il en avait de la chance ce soir ! Il rentra la maison en courant, ayant assez fait perdre de temps comme ça à sa mère !
Où suis-je ? Pourquoi tout est si noir autour de moi ? De la soie… De la soie glisse sous mes doigts. J’ai chaud et j’ai froid. Une sueur froide me parcoure le dos. Mes tempes me lancent violemment et j’ai mal au ventre. Ou plutôt au bas-ventre… Que s’est-il passé ? Pourquoi ai-je si mal ? Pourquoi suis-je seule dans cette pièce ? Mais qui crie ? Ce hurlement me fait mal aux oreilles ! Mais taisez-vous ! J’ai si mal…
« Kyô, c’est très important pour moi de savoir ce qui s’est passé… Il faut que tu me dises tout ce que tu sais. »
Le jeune homme se trouvant dans le couloir, près de la chambre où reposait Ayumi. Il était assez tard et le médecin n’avait pas pu se libérer avant cette heure tardive. La jeune fille avait dû patienter plus d’une semaine avant qu’un médecin ne l’examine. En comptant le voyage qu’elle avait effectué depuis Kyôto, bien entendu. Sino, cela faisait environ un jour qu’elle se trouvait à Tôkyô. La pauvre fille était vraiment mal en point et portait de nombreuses traces de coups et des bleus.
« Je n’en sais pas plus que vous ! Je vais ai tout dit à propos d’elle. Tout ce que je sais… Je l’ai découverte couchée derrière un buisson. Elle m’appelait, m’ayant reconnu. »
« Comment se fait-il qu’elle vous cherchez vous et pas une autre personne ? »
Exaspéré, Kyô grogna avant de laisser choir son corps sur une chaise. Il croisa les bras et posa son regard marron sur le vieil homme. Il était compétent, certes, mais il lui fallait toujours les plus infime détail !
« Je n’en sais rien ! On s’est rencontré à Kyôto, elle m’a demandé où j’habitais et je le lui ai dit. J’ignore pourquoi elle est venue me voir et pas une autre personne, ou une de ses amies ! Je n’en sais rien ! »
Voyant qu’il n’obtiendrait rien de plus, le docteur se tourna vers Yama, la mère de Kyô et il lui tendit un petit flacon rempli d’un liquide transparent. Il sortit un petit carnet de sa poche ainsi qu’un stylo. Il griffonna quelques notes sur la feuille vierge avant d’y apposer son tampon. Il tendit l’ordonnance à la femme.
« Donnez-lui quatre gouttes de ce liquide si la douleur est trop forte. Ensuite, il vous faudra aller chercher ces médicaments en pharmacie. Bien entendu, si vous n’avez pas d’assurance… »
« On a tout ce qu’il nous faut, je vous remercie docteur. Quand reviendriez-vous ? »
« Voyons voir... J’ai beaucoup de patients ces derniers temps… Je repasserai d’ici cinq jours. Si j’ai un empêchement, je vous préviendrais. »
Yama hocha la tête et raccompagna le médecin au vestibule. Elle lui tendit son chapeau ainsi que sa jaquette. Le vieil homme était frileux, malgré le temps resplendissant. Kyô, quant à lui, avait pris le flacon et l’ordonnance que tenait sa mère : il se chargera lui-même de la soigner. Mais il savait que sa mère était également prête à aider Ayumi. Sinon, pourquoi accepterait-elle de prendre des médicaments pour une inconnue et au nom de la famille ? Le jeune homme pénétra dans la chambre d’amis.
« Aya… Tu dors ? » Demanda-t-il doucement, après avoir soigneusement refermé la porte derrière lui.
Un léger froissement se fit entendre. La jeune fille venait de se retourner. Elle posa un regard fatigué sur Kyô. Elle lui sourit faiblement tout en restant pelotonnée sous la couverture. Les volets étaient fermés et seul un faible rayon de soleil arrivait à pénétrer dans la chambre. Ici régnait une atmosphère lugubre, de maladie et de douleur.
« Non… Pas encore… »
« Excuse-moi de te déranger… Je voulais savoir… Est-ce que tu souffres encore ? Le docteur a prescrit des médicaments… Et tu dois en prendre si tu as mal. »
« *Pourquoi est-ce que je m’occupe comme ça d’elle ? »* Se demanda-t-il en secouant la tête.
Ayumi se crispa et son regard redevint dur et froid. Elle toisa Kyô et secoua la tête. Mais on voyait bien que malgré les efforts qu’elle faisait pour rester impassible, la douleur était visible dans son regard bleu.
« Non, je n’ai pas mal. Je refuse que vous payiez pour moi. Je ne veux pas être une charge ! »
Kyô soupira bruyamment et posa vivement la feuille et le flacon sur la table de nuit. Il s’assit au bord du lit et obligea la fille à se recoucher, car elle s’était redressée. Son regard à lui était impénétrable et autoritaire.
« Aya, je t’ai dit qu’on s’occupait de tout et tu n’es pas une charge ! Crois-moi. Ma mère t’aurait déjà envoyé à l’hôpital si elle n’avait été d’accord de te garder le temps que tu te rétablisses. Alors dis-moi : est-ce que tu as mal ? Et ne me mens pas, moi qui essaie de t’aider et qui t’ai pratiquement sauvée ! »
Touchée à vif au sein même de sa fierté, Ayumi se mordit la lèvre et baissa le regard, se sentant honteuse d’agir ainsi envers son « sauveur ». Elle renifla pour retenir au mieux ses larmes, mais une goutte glissa sur sa joue et s’écrasa sur les draps blancs du lit. Interceptant la larme, Kyô amorça un geste pour prendre la blessée dans ses bras. Mais Ayumi se jeta pratiquement dans ses bras pour pleurer tout son soul.
« Oui, j’ai affreusement mal ! Depuis tant d’années je souffre… »
Le cœur de Kyô se serra violemment. Il ferma les yeux et referma ses bras autour du corps frêle de la jeune fille. Il la berça avec des gestes doux et lents. Oui, il allait s’occuper d’elle jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Et après… Ils verront bien pour la suite. Lorsque les larmes de la fille blonde se tarirent, il la relâcha légèrement avant de se mettre à chercher une cuiller. Il en trouva une dans un tiroir et il la nettoya à l’aide d’un mouchoir. Il revint près du lit et s’empara du flacon. Il le déboucha et versa quatre gouttes dans le réceptacle. Il approcha ensuite la cuiller de la bouche d’Aya.
« Allez, ouvre la bouche ! La douleur devrait passer rapidement… »
Docile, elle obéit. Elle avala rapidement le liquide amer et écoeurant avec une grimace de dégoût. Elle secoua la tête et se glissa à nouveau sous la couverture, aidée de Kyô. Elle lui faisait confiance… Oui… Entièrement confiance. Elle avait eu raison de frauder dans les transports en commun pour venir jusqu’à Tôkyô… Elle avait échappé à Daisuke. Un petit sourire endormi flotta sur ses lèvres.
« J’ai eu raison de venir… Merci… » Souffla-t-elle, à moitié endormie.
Kyô sourit légèrement tout en rebouchant le flacon. Il la regarda s’endormir avant de s’emparer de l’ordonnance. Il prit la carte d’assurance de sa mère et il dévala les escaliers. Il savait qu’Ayumi était entre de bonnes mains… Il courut dans la cuisine où sa mère préparait le repas du soir.
« Je passe à la pharmacie avant manger. Tu as besoin de quelque chose ? »
« Attends que je contrôle… Mm… Oui, prends une livre de pain, du thé et du riz s’il te plaît. »
« D’accord ! Aya s’est rendormie… Je lui ai donné quatre gouttes de ce médicament… »
« Tu l’aimes bien, n’est-ce pas ? » Demanda Yama.
Près de la porte d’entrée, Kyô s’arrêta. Il se retourna vers sa mère et resta sérieux avant de soupirer légèrement. Il hocha doucement la tête, admettant qu’il appréciait bien la jeune fille.
« Oui, elle est sympa… Mais tu sais, je la connais à peine et… Notre première rencontre a été assez explosive. Demande à Kakéru-kun quand il viendra ! »
Puis il s’échappa et se mit à courir dans la rue. Il passa d’abord à la pharmacie. Il lui fallut patienter quinze minutes avant d’être servi. Puis il se rendit au supermarché qui était sur le point de fermer. Décidément, il en avait de la chance ce soir ! Il rentra la maison en courant, ayant assez fait perdre de temps comme ça à sa mère !
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Où suis-je ? Pourquoi tout est si noir autour de moi ? De la soie… De la soie glisse sous mes doigts. J’ai chaud et j’ai froid. Une sueur froide me parcoure le dos. Mes tempes me lancent violemment et j’ai mal au ventre. Ou plutôt au bas-ventre… Que s’est-il passé ? Pourquoi ai-je si mal ? Pourquoi suis-je seule dans cette pièce ? Mais qui crie ? Ce hurlement me fait mal aux oreilles ! Mais taisez-vous ! J’ai si mal…
Dernière édition par le Dim 29 Oct - 16:46, édité 1 fois
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
(Suite chapitre 5)
« Aya ! Chut… Calme-toi, je suis là… Aya… »
Une voix rassurante la tire de son sommeil. Elle se réveille en sursaut, déjà dans les bras de Kyô. Où est-elle, quelle heure est-il ? Un gémissement lui échappe et elle lève la tête vers la voix. Elle reconnaît ce visage…
« Kyô… Que... Que s’est-il passé ? »
« Tu as dû faire un cauchemar… Tu hurlais comme une folle, demandant qu’on arrête et qu’on te lâche. Tu voulais… Qu’on arrête de te faire mal et ce que tu ne voulais pas… »
Ayumi devint aussi blanche que la tapisserie qui recouvrait les murs de la chambre. Elle se crispa violemment : avait-elle réellement hurlé cela ? Ca devait être vrai pourtant. Kyô n’aurait jamais pu le savoir. Elle frissonna et se blottit contre lui, tout en sueur et tremblante. Elle avait de la fièvre et Kyô le sentit. Le médecin leur avait prédit qu’elle risquait de délirer et que sa température corporelle risquait d’augmenter violemment.
« Je vais chercher de l’eau… »
Il la laissa seule quelques minutes et lorsqu’il revint, il la trouva dans la même position. Il trempa le linge dans le récipient avant de coucher la jeune fille et de le poser sur son front. Un frisson anima son corps frêle. Kyô avait le cœur brisé face à cette créature inoffensive. Mais qu’avait-elle subi pour avoir hurlé pareillement ? Pourquoi avait-elle cette mine si terrifiée ? Pourquoi était-elle si pâle ?
« Ne t’en fais pas… Je suis là… Est-ce que tu veux que je reste là pour cette nuit ? »
« *Je suis fou ou bien ? Je viens de lui demander quoi ? * »
Apparemment, la jeune fille était tout aussi surprise que lui. Elle tourna la tête vers Kyô, un éclair d’incompréhension passant dans son regard. Puis elle hocha lentement la tête : elle ne voulait pas terminer la nuit seule… Elle avait peur toute seule, dans le noir… Surtout après son cauchemar.
« Oui… S’il te plaît… Si ça ne te dérange pas… »
Mais Kyô secoua vivement la tête. Il se releva tel un ressort et déambula doucement dans les couloir, pour ne pas troubler le sommeil lourd de sa mère. Il arriva dans la remise où un lit de camp était rangé et plié. Il le sortit et le fit glisser sur le sol moquetter. Il pénétra dans la chambre d’Ayumi et il déplia le lit. Il retourna ensuite dans sa chambre pour y prendre son oreiller ainsi que sa couverture. Et en prime, un roman ornait le dessus de la pile. Il laissa tomber le tout sur le lit après avoir refermé la porte de son pied.
« Je vais te lire un roman que je lis depuis mon plus jeune âge. C’est mon préféré. Tu es d’accord ? Je sais que ça peut paraître gamin… Mais bon. »
Mais la fille secoua la tête : elle acceptait qu’on lui fasse la lecture. Elle s’endormira plus facilement et elle le savait. Tout sourire, Kyô s’installa confortablement sous sa couverture, l’oreiller appuyé contre la table de nuit. Il laissa seulement la lampe de chevet allumée.
« Très bien, alors je commence… »
Il reprit depuis le début et l’histoire débuta. Ca parlait d’un couple de jeunes enfants séparés à l’âge de dix ans. Ils avaient tous deux le même âge. Les parents de la fille avaient décidé de déménager et malgré les pleurs et les supplications des enfants, la petite fille avait été contrainte de suivre ses parents. Des années plus tard, alors qu’ils étaient âgés de vingt ans, ils se retrouvèrent. Ils fréquentaient tous deux l’université et étudiaient les langues étrangères…
Kyô s’était endormi le deuxième, au court du récit. Le roman était appuyé contre sa poitrine et la tête du jeune homme dodelinait contre la table de chevet. Il était très tard, peut-être quatre heures du matin lorsque le silence revint dans la maison…
« Répète voire, Kyô-kun ? Qu’est-ce que tu dis ? »
« Huitième édition : la fille qu’on a rencontré à Kyôto se trouve chez moi depuis une semaine ! »
Kakéru envoya une sacrée claque sur l’épaule de son ami, riant comme un hystérique. Ils se promenaient dans le plus grand centre commercial de la ville, pour passer le temps. Ayumi, encore affaiblie par les horreurs qu’elle avait vécues (mais lesquelles ?), passait ses journées à dormir ou à lire, ayant trouvé une nouvelle passion depuis le soir où Kyô lui avait fait la lecture.
« Mais c’est balèze ! Et comment ça se fait ? Tu l’as trouvée derrière un buisson, après que tu es rentré ? C’est une histoire vraiment invraisemblable ! Digne des romans dit donc ! »
Kyô gloussa, appréciant la comparaison de Kakéru. Il lui rendit sa claque et promena son regard sur les habits pour hommes. Il trouva un pantalon et un tee-shirt relativement plaisants et peu chers. Il décida de prendre le tout tant qu’il avait l’argent en poche. Il en demandait rarement à sa mère, n’en ayant pas vraiment besoin. Pourtant, sa famille croulait pratiquement sous l’or ! Mais ils vivaient très simplement.
« Tu vois… Je ne sais pas comment cela est possible… Mais elle me cherchait. Elle m’appelait, couchée derrière ce buisson… Si tu avais vu son état ! Effrayant… et elle refuse de révéler ce qui lui est arrivé… »
Kakéru soupira doucement et haussa les épaules : il n’en savait pas plus que lui. Mais une chose était sûre : il était certain que ces deux-là étaient liés par quelque chose. Il ne savait pas encore quoi… Mais seul le temps le lui dira. Peut-être que Kakéru est un peu illuminé sur les bord, mais son instinct, lorsqu’il lui soufflait quelque chose, ne mentait jamais.
« Achète-lui quelque chose ! Pour lui montrer que tu penses à elle ! » S’empressa-t-il de rajouter en voyant le regard surpris que lui jetait son ami.
Tout bien considéré, il n’avait peut-être pas si tord… Kyô hocha la tête, mais il allait lui offrir quoi ? Il ne s’y connaissait pas du tout, en matière d’accessoires pour filles ? Et surtout, quels étaient les goûts d’Aya ? S’il se trompait totalement et qu’elle le prenne pour un imbécile fini ?
« Kyô-kun, ne te prends pas la tête comme ça ! Viens avec moi, j’en connais un chapitre en matière de filles ! »
Toute l’après-midi, les deux amis firent une cure de shopping. De retour chez lui, à la nuit tombée, Kyô monta directement dans la chambre d’Aya. Elle était réveillée et lisait. Tout sourire, il ferma la porte derrière lui et alla s’installer sur le lit, déposant un petit sac sur ses genoux.
« Qu’est-ce que c’est ? »
« Ouvre, tu verras^^. »
Surprise, la jeune fille rougit violemment, mal à l’aise. Elle prit doucement le sac d’une main et l’ouvrit. Elle plongea sa main à l’intérieur, lentement, comme si elle craignait de se faire mordre par un reptile. Elle en sortit un paquet parallélépipédique, entouré d’un joli papier cadeau bleuté. Un ruban entourait le paquet et se terminait en un nœud.
« Je… Je ne sais pas quoi dire… C’est la première fois… »
« Alors ne dis rien… Et ouvre le paquet^^. »
Ayumi hocha la tête et commença à défaire le ruban, avec des gestes précautionneux. Puis elle déchira lentement le papier. Une boîte noire apparut devant ses yeux. Kyô espérait ne pas avoir été trop fou pour écouter Kakéru. Il guettait le moindre de ses gestes et la moindre de ses réactions, stressé comme jamais. Finalement, elle ouvrit la boîte et tomba nez à nez avec un fin collier d’argent. Le pendentif représentait un ange aux ailes déployées, les mains rejointes sur sa poitrine comme s’il contemplait son bien-aimé… Les larmes montèrent instantanément aux yeux d’Aya.
« Je… Tu es fou ! »
« Attends, ce n’est pas tout^^. »
Il retourna le collier et derrière l’ange, on pouvait y lire une date : celle de leur rencontre, à Kyôto, même si ce jour n’avait pas été le plus beau… Mais c’était à partir de là que tout avait commencé.
« Pourquoi ? » Demanda Aya.
Kyô lui sourit et prit le collier. Il l’attacha autour de son cou, sachant que c’était sa manière de le remercier. Elle était si émue et si troublée ! Elle était trop mimi ! Même Kakéru lui avait demandé pourquoi. Pourquoi un ange aux ailes déployées ? C’était si peu conventionnel par rapport aux cœurs ou aux formes géométriques !
« Tu sais… Ma cousine… Enfin… Tu me fais penser à elle… Et j’ai toujours tendance à offrir des choses qui ressemblent aux personnes auxquelles mes cadeaux sont destinés… »
Comprenant l’allusion, Ayumi se tut. Elle regarda Kyô, troublée. Elle hocha la tête, comprenant que ça devait lui faire mal de parler de sa cousine. Elle avait sa main et lui caressa doucement la joue. Les larmes dévalaient ses joues.
« Merci Kyô-chan… C’est vraiment un très beau cadeau que tu m’as offert. Je le garderai toujours sur moi… »
Mais où était passé cette fille si violente et autoritaire ? Cette dure à cuir, ne craignant rien ni personne ? Etait-ce une simple couverture, un masque ? Kyô l’ignorait car elle était parfois sujette à des sautes d’humeur. Il secoua la tête et ferma les yeux.
« Ne me remercie pas… »
Il félicita Kakéru intérieurement : il avait eu une excellente idée en lui conseillant d’acheter un collier ! Bientôt, il rouvrit les yeux et regarda Ayumi. Elle le fixait toujours de ses prunelles aussi bleues que la mer de Chine. Il adorait ces yeux-là… Ils lui rappelaient tant ceux de sa cousine !
Sans savoir ce qu’il faisait, il approcha son visage d’Ayumi. La jeune fille se crispa violemment, comprenant l’intention de Kyô. Elle ignorait si elle se sentait prête… Durant des années son corps fut la propriété d’autrui. Maintenant qu’elle pouvait en jouir librement, elle avait peur de se laisser approcher de trop prêt.
« Kyô… Je… »
Il valait peut-être mieux qu’elle lui dise qu’elle s’était fait violer, qu’elle était une ancienne prostituée, rien à voir avec ces Geishas qui elles, au moins, avaient du mérite ! Mais Kyô posa son index sur les lèvres d’Ayumi.
« Chut… Ne dis rien… »
Alors elle se tut. Elle ferma les yeux et attendit le moment crucial, le moment où leurs lèvres allaient se frôler puis se toucher. Une explosion de couleur envahi son cerveau. Elle eut l’impression de se sentir revivre, de connaître… Un sentiment étrange qu’elle n’arrivait pas encore à définir. Oui, Kyô avait eu raison d’insister et de faire le premier pas. Elle, Ayumi, ne l’aurait pas fait…
« Kyô ! Manger ! »
Kyô sursauta et le baiser fut rompu. Tous les deux rouges, ils balbutièrent en même temps, se confondant en excuses et autres formules comiques. Finalement, ils cessèrent de parler et éclatèrent de rire face à ce silence. Kyô se passa une main dans les cheveux et les ébouriffa.
« Je te rapporte quelque chose une fois en haut ? »
« Oui… S’il te plaît… Kyô ? »
« Oui ? »
Il s’était arrêté sur le pas de la porte. Il s’était retourné vers la jeune fille, avec un petit sourire gêné. Il toussota légèrement.
« Demain, j’aimerais essayer de me lever pour partager les repas avec vous… »
Le sourire de Kyô s’agrandit et il hocha la tête.
« Ce sera avec plaisir et ma mère sera heureuse de te savoir près de nous. »
Touchée par ces paroles, elle qui n’avait jamais connu la vie de famille, elle hocha la tête. Kyô sortit ensuite de la chambre et alla rejoindre Yama pour le souper. Ayumi frissonna et rangea les papiers dans le sac avant de le poser sur la table de nuit. Elle ferma les yeux, attendant patiemment le retour de Kyô, ayant encore le goût de ses lèvres contre les siennes. Un petit sourire flottait sur ses lèvres.
Légende:
Cyan = Le médecin
(Fin du chapitre 5)
+++
« Aya ! Chut… Calme-toi, je suis là… Aya… »
Une voix rassurante la tire de son sommeil. Elle se réveille en sursaut, déjà dans les bras de Kyô. Où est-elle, quelle heure est-il ? Un gémissement lui échappe et elle lève la tête vers la voix. Elle reconnaît ce visage…
« Kyô… Que... Que s’est-il passé ? »
« Tu as dû faire un cauchemar… Tu hurlais comme une folle, demandant qu’on arrête et qu’on te lâche. Tu voulais… Qu’on arrête de te faire mal et ce que tu ne voulais pas… »
Ayumi devint aussi blanche que la tapisserie qui recouvrait les murs de la chambre. Elle se crispa violemment : avait-elle réellement hurlé cela ? Ca devait être vrai pourtant. Kyô n’aurait jamais pu le savoir. Elle frissonna et se blottit contre lui, tout en sueur et tremblante. Elle avait de la fièvre et Kyô le sentit. Le médecin leur avait prédit qu’elle risquait de délirer et que sa température corporelle risquait d’augmenter violemment.
« Je vais chercher de l’eau… »
Il la laissa seule quelques minutes et lorsqu’il revint, il la trouva dans la même position. Il trempa le linge dans le récipient avant de coucher la jeune fille et de le poser sur son front. Un frisson anima son corps frêle. Kyô avait le cœur brisé face à cette créature inoffensive. Mais qu’avait-elle subi pour avoir hurlé pareillement ? Pourquoi avait-elle cette mine si terrifiée ? Pourquoi était-elle si pâle ?
« Ne t’en fais pas… Je suis là… Est-ce que tu veux que je reste là pour cette nuit ? »
« *Je suis fou ou bien ? Je viens de lui demander quoi ? * »
Apparemment, la jeune fille était tout aussi surprise que lui. Elle tourna la tête vers Kyô, un éclair d’incompréhension passant dans son regard. Puis elle hocha lentement la tête : elle ne voulait pas terminer la nuit seule… Elle avait peur toute seule, dans le noir… Surtout après son cauchemar.
« Oui… S’il te plaît… Si ça ne te dérange pas… »
Mais Kyô secoua vivement la tête. Il se releva tel un ressort et déambula doucement dans les couloir, pour ne pas troubler le sommeil lourd de sa mère. Il arriva dans la remise où un lit de camp était rangé et plié. Il le sortit et le fit glisser sur le sol moquetter. Il pénétra dans la chambre d’Ayumi et il déplia le lit. Il retourna ensuite dans sa chambre pour y prendre son oreiller ainsi que sa couverture. Et en prime, un roman ornait le dessus de la pile. Il laissa tomber le tout sur le lit après avoir refermé la porte de son pied.
« Je vais te lire un roman que je lis depuis mon plus jeune âge. C’est mon préféré. Tu es d’accord ? Je sais que ça peut paraître gamin… Mais bon. »
Mais la fille secoua la tête : elle acceptait qu’on lui fasse la lecture. Elle s’endormira plus facilement et elle le savait. Tout sourire, Kyô s’installa confortablement sous sa couverture, l’oreiller appuyé contre la table de nuit. Il laissa seulement la lampe de chevet allumée.
« Très bien, alors je commence… »
Il reprit depuis le début et l’histoire débuta. Ca parlait d’un couple de jeunes enfants séparés à l’âge de dix ans. Ils avaient tous deux le même âge. Les parents de la fille avaient décidé de déménager et malgré les pleurs et les supplications des enfants, la petite fille avait été contrainte de suivre ses parents. Des années plus tard, alors qu’ils étaient âgés de vingt ans, ils se retrouvèrent. Ils fréquentaient tous deux l’université et étudiaient les langues étrangères…
Kyô s’était endormi le deuxième, au court du récit. Le roman était appuyé contre sa poitrine et la tête du jeune homme dodelinait contre la table de chevet. Il était très tard, peut-être quatre heures du matin lorsque le silence revint dans la maison…
+++
« Répète voire, Kyô-kun ? Qu’est-ce que tu dis ? »
« Huitième édition : la fille qu’on a rencontré à Kyôto se trouve chez moi depuis une semaine ! »
Kakéru envoya une sacrée claque sur l’épaule de son ami, riant comme un hystérique. Ils se promenaient dans le plus grand centre commercial de la ville, pour passer le temps. Ayumi, encore affaiblie par les horreurs qu’elle avait vécues (mais lesquelles ?), passait ses journées à dormir ou à lire, ayant trouvé une nouvelle passion depuis le soir où Kyô lui avait fait la lecture.
« Mais c’est balèze ! Et comment ça se fait ? Tu l’as trouvée derrière un buisson, après que tu es rentré ? C’est une histoire vraiment invraisemblable ! Digne des romans dit donc ! »
Kyô gloussa, appréciant la comparaison de Kakéru. Il lui rendit sa claque et promena son regard sur les habits pour hommes. Il trouva un pantalon et un tee-shirt relativement plaisants et peu chers. Il décida de prendre le tout tant qu’il avait l’argent en poche. Il en demandait rarement à sa mère, n’en ayant pas vraiment besoin. Pourtant, sa famille croulait pratiquement sous l’or ! Mais ils vivaient très simplement.
« Tu vois… Je ne sais pas comment cela est possible… Mais elle me cherchait. Elle m’appelait, couchée derrière ce buisson… Si tu avais vu son état ! Effrayant… et elle refuse de révéler ce qui lui est arrivé… »
Kakéru soupira doucement et haussa les épaules : il n’en savait pas plus que lui. Mais une chose était sûre : il était certain que ces deux-là étaient liés par quelque chose. Il ne savait pas encore quoi… Mais seul le temps le lui dira. Peut-être que Kakéru est un peu illuminé sur les bord, mais son instinct, lorsqu’il lui soufflait quelque chose, ne mentait jamais.
« Achète-lui quelque chose ! Pour lui montrer que tu penses à elle ! » S’empressa-t-il de rajouter en voyant le regard surpris que lui jetait son ami.
Tout bien considéré, il n’avait peut-être pas si tord… Kyô hocha la tête, mais il allait lui offrir quoi ? Il ne s’y connaissait pas du tout, en matière d’accessoires pour filles ? Et surtout, quels étaient les goûts d’Aya ? S’il se trompait totalement et qu’elle le prenne pour un imbécile fini ?
« Kyô-kun, ne te prends pas la tête comme ça ! Viens avec moi, j’en connais un chapitre en matière de filles ! »
Toute l’après-midi, les deux amis firent une cure de shopping. De retour chez lui, à la nuit tombée, Kyô monta directement dans la chambre d’Aya. Elle était réveillée et lisait. Tout sourire, il ferma la porte derrière lui et alla s’installer sur le lit, déposant un petit sac sur ses genoux.
« Qu’est-ce que c’est ? »
« Ouvre, tu verras^^. »
Surprise, la jeune fille rougit violemment, mal à l’aise. Elle prit doucement le sac d’une main et l’ouvrit. Elle plongea sa main à l’intérieur, lentement, comme si elle craignait de se faire mordre par un reptile. Elle en sortit un paquet parallélépipédique, entouré d’un joli papier cadeau bleuté. Un ruban entourait le paquet et se terminait en un nœud.
« Je… Je ne sais pas quoi dire… C’est la première fois… »
« Alors ne dis rien… Et ouvre le paquet^^. »
Ayumi hocha la tête et commença à défaire le ruban, avec des gestes précautionneux. Puis elle déchira lentement le papier. Une boîte noire apparut devant ses yeux. Kyô espérait ne pas avoir été trop fou pour écouter Kakéru. Il guettait le moindre de ses gestes et la moindre de ses réactions, stressé comme jamais. Finalement, elle ouvrit la boîte et tomba nez à nez avec un fin collier d’argent. Le pendentif représentait un ange aux ailes déployées, les mains rejointes sur sa poitrine comme s’il contemplait son bien-aimé… Les larmes montèrent instantanément aux yeux d’Aya.
« Je… Tu es fou ! »
« Attends, ce n’est pas tout^^. »
Il retourna le collier et derrière l’ange, on pouvait y lire une date : celle de leur rencontre, à Kyôto, même si ce jour n’avait pas été le plus beau… Mais c’était à partir de là que tout avait commencé.
« Pourquoi ? » Demanda Aya.
Kyô lui sourit et prit le collier. Il l’attacha autour de son cou, sachant que c’était sa manière de le remercier. Elle était si émue et si troublée ! Elle était trop mimi ! Même Kakéru lui avait demandé pourquoi. Pourquoi un ange aux ailes déployées ? C’était si peu conventionnel par rapport aux cœurs ou aux formes géométriques !
« Tu sais… Ma cousine… Enfin… Tu me fais penser à elle… Et j’ai toujours tendance à offrir des choses qui ressemblent aux personnes auxquelles mes cadeaux sont destinés… »
Comprenant l’allusion, Ayumi se tut. Elle regarda Kyô, troublée. Elle hocha la tête, comprenant que ça devait lui faire mal de parler de sa cousine. Elle avait sa main et lui caressa doucement la joue. Les larmes dévalaient ses joues.
« Merci Kyô-chan… C’est vraiment un très beau cadeau que tu m’as offert. Je le garderai toujours sur moi… »
Mais où était passé cette fille si violente et autoritaire ? Cette dure à cuir, ne craignant rien ni personne ? Etait-ce une simple couverture, un masque ? Kyô l’ignorait car elle était parfois sujette à des sautes d’humeur. Il secoua la tête et ferma les yeux.
« Ne me remercie pas… »
Il félicita Kakéru intérieurement : il avait eu une excellente idée en lui conseillant d’acheter un collier ! Bientôt, il rouvrit les yeux et regarda Ayumi. Elle le fixait toujours de ses prunelles aussi bleues que la mer de Chine. Il adorait ces yeux-là… Ils lui rappelaient tant ceux de sa cousine !
Sans savoir ce qu’il faisait, il approcha son visage d’Ayumi. La jeune fille se crispa violemment, comprenant l’intention de Kyô. Elle ignorait si elle se sentait prête… Durant des années son corps fut la propriété d’autrui. Maintenant qu’elle pouvait en jouir librement, elle avait peur de se laisser approcher de trop prêt.
« Kyô… Je… »
Il valait peut-être mieux qu’elle lui dise qu’elle s’était fait violer, qu’elle était une ancienne prostituée, rien à voir avec ces Geishas qui elles, au moins, avaient du mérite ! Mais Kyô posa son index sur les lèvres d’Ayumi.
« Chut… Ne dis rien… »
Alors elle se tut. Elle ferma les yeux et attendit le moment crucial, le moment où leurs lèvres allaient se frôler puis se toucher. Une explosion de couleur envahi son cerveau. Elle eut l’impression de se sentir revivre, de connaître… Un sentiment étrange qu’elle n’arrivait pas encore à définir. Oui, Kyô avait eu raison d’insister et de faire le premier pas. Elle, Ayumi, ne l’aurait pas fait…
« Kyô ! Manger ! »
Kyô sursauta et le baiser fut rompu. Tous les deux rouges, ils balbutièrent en même temps, se confondant en excuses et autres formules comiques. Finalement, ils cessèrent de parler et éclatèrent de rire face à ce silence. Kyô se passa une main dans les cheveux et les ébouriffa.
« Je te rapporte quelque chose une fois en haut ? »
« Oui… S’il te plaît… Kyô ? »
« Oui ? »
Il s’était arrêté sur le pas de la porte. Il s’était retourné vers la jeune fille, avec un petit sourire gêné. Il toussota légèrement.
« Demain, j’aimerais essayer de me lever pour partager les repas avec vous… »
Le sourire de Kyô s’agrandit et il hocha la tête.
« Ce sera avec plaisir et ma mère sera heureuse de te savoir près de nous. »
Touchée par ces paroles, elle qui n’avait jamais connu la vie de famille, elle hocha la tête. Kyô sortit ensuite de la chambre et alla rejoindre Yama pour le souper. Ayumi frissonna et rangea les papiers dans le sac avant de le poser sur la table de nuit. Elle ferma les yeux, attendant patiemment le retour de Kyô, ayant encore le goût de ses lèvres contre les siennes. Un petit sourire flottait sur ses lèvres.
Légende:
Cyan = Le médecin
(Fin du chapitre 5)
Re: Le labyrinthe des vies [FIC]
Chapitre 6
« Alors comme ça, elle prend les repas avec vous ? Mais tu ne sais toujours pas pourquoi elle a dû rester alitée si longtemps ? » Demanda Kakéru.
Kyô secoua la tête. Depuis quelques semaines déjà, son esprit était empli par une seule et unique image : celle d’Aya. Il avait beau fermer les yeux, son visage dansait devant lui, inlassablement, sans jamais se dissiper. Il avait bien tenté de repousser ce sentiment qui s’emparait inexorablement de son être, mais il n’y arrivait pas ! Pourquoi Aya l’obsédait-elle autant ? Pourquoi avait-il écouté son ami et lui avait offert ce cadeau ? Il avait simplement écouté son cœur…
« Je n’en sais pas plus que toi. Tu sais, Aya est une fille bien mystérieuse… Je ne connais presque rien d’elle, à part son prénom et l’endroit où elle vivait avant. Je devine simplement que quelqu’un doit lui en vouloir de quelque chose pour qu’elle soit arrivée à Tôkyô dans cet état. »
Kakéru hocha la tête et bâilla. La fin des vacances était toute proche et bientôt, les deux amis reprendraient les cours. Une nouvelle année scolaire débuterait bientôt. Kyô en était un peu accablé car cela signifiait qu’il verrait moins Aya. Pendant les cours, il savait pertinemment qu’il serait distrait par ce doux visage. Mais le monde ne s’arrête pas, même quand on est amoureux ! Il fallut juste qu’il apprenne à faire la part des choses. Même si ce n’était pas du tout de l’ordre de son caractère…
« Toi, tu es complètement accro ! Si tu voyais ta tête quand tu es perdu dans tes pensées ! J’avais bien raison de te faire acheter un cadeau pour elle ! Regarde où ça t’a mené ! Tu es moins coincé avec les filles ! »
Quelques mois plus tôt, Kyô aurait explosé de colère. En ce moment, il souriait d’un air béat, presque stupide. Kakéru était le seul à véritablement le connaître, hormis sa mère. Avec son ami, il avait absolument tout partagé. Mis à part le fait qu’il lui ait avoué un peu tard ce qui est arrivé à sa cousine… Tiens, en pensant à Ayumi, il ne ressentit point son cœur se serrer et les larmes lui piquer les yeux. Aya était-elle en train de le changer ? Il fallait avouer qu’elle lui rappelait un peu Ayumi…
« Kakéru-kun… Pour la première fois de ma vie, je peux dire que je suis amoureux, alors ne viens pas me dire que j’ai une expression complètement stupide lorsque je pense à elle ! Je risquerais de regretter de t’avoir écouté ! »
Kakéru éclata littéralement de rire et envoya une bourrade à son ami d’enfance. Finalement, les deux jeunes hommes se levèrent et abandonnèrent le banc public. La journée s’achèverait bientôt et un bon repas les attendait. N’oublions pas que Yama, la mère de Kyô, est la meilleure cuisinière du monde… Du point de vue de son fils, bien entendu.
De son côté, Ayumi s’était réhabituée à la vie. Elle ne restait plus cloîtrée dans la chambre sombre, à ruminer de mornes pensées. Elle avait peut-être réussi à changer Kyô, mais lui aussi avait éveillé un sentiment étrange en elle. Effrayée par ce que l’avenir pouvait lui réserver si elle s’engageait dans une telle relation, elle avait été tentée de le repousser. Mais comment continuer à le regarder comme si de rien n’était si elle avait suivi son pauvre cerveau ? La vie chez Yama et Kyô aurait été insupportable. Et son cœur lui dictait de lui faire confiance, qu’elle n’avait rien à craindre à ses côtés. Peu à peu, la jeune fille avait changé. Son caractère bien trempé, simple carapace pour masquer sa faiblesse, s’était lézardé pour dévoiler un tempérament plus vulnérable et fragile. Bien entendu, les sautes d’humeur étaient encore fréquentes, mais elle faisait de gros efforts pour les éviter !
Ayumi se promenait depuis quelques heures déjà lorsqu’elle décida de rentrer. La moindre des choses était de ne pas trop tarder car elle voulait se rendre utile et aider la mère de Kyô. Ils avaient tant fait pour elle… Elle se sentait à chaque fois gênée quand ils lui souriaient comme si elle faisait partie de la famille, blaguaient avec elle ou lui demandaient son avis sur tel ou tel sujet. Elle avait l’impression d’avoir enfin trouvé une famille. Mais elle savait que tôt ou tard, elle allait devoir repartir… Elle ne pouvait décemment pas dépendre d’eux toute sa vie ! Ce qu’elle craignait le plus, c’était d’être à nouveau obligée de vendre son corps pour gagner son argent. Ca, elle ne le voulait plus jamais !
« Plutôt mourir que de me prostituer à nouveau… » Marmonna-t-elle pour elle-même alors qu’elle traversait un parc paisible.
« Et comment comptes-tu vivre, dans ce cas, ma chère Ayumi ? »
L’ex prostituée sursauta et se retourna vivement. Bien entendu, elle avait reconnu cette voix. Elle l’aurait reconnue entre mille, voire dix mille. Ayumi se retrouva nez à nez avec Rei, son visage à quelques centimètres du sien. Bien entendu, le jeune homme en profita et il l’embrassa sans vergogne ! Dégoûtée, la jeune fille le repoussa violemment. Son caractère rebelle reprit le dessus et elle posa ses mains sur ses hanches, le toisant de haut. En le poussant, elle lui avait fait perdre l’équilibre. Rei était assis sur le sol.
« Ce n’est pas ton problème, très cher Rei ! Et qu’est-ce que tu fais ici ? Comment m’as-tu retrouvée ? »
Bien entendu, elle savait que Daisuke était dans le coup. Il avait dû donner des informations à Rei pour qu’il l’espionne ! Mais dans ce cas, ça signifiait que… Daisuke pouvait débarquer et la ramener de force à Kyôto ! De plus, s’il découvrait qui était la famille qui l’avait aidée et hébergée, il n’allait pas se gêner de leur en faire payer le prix ! Ayumi ne le permettrait jamais ! Même si elle devait être torturée, subir toutes les douleurs à leur place, alors elle le ferait ! Elle était prête à se sacrifier pour eux, pour leur éviter de souffrir !
« Haha ! Je sais à quoi tu penses… Cela fait des semaines que je t’espionne, Ayu-chan… Tu résides chez cet étudiant qui était en voyage scolaire à Kyôto ! Quand Daisuke arrivera, il sera heureux de te punir, ainsi que ce jeune homme. Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah ! Oui, bien sûr, Kyô… Charmant prénom… »
Ayumi poussa un grognement avant de se jeter sur Rei. Tous deux roulèrent au sol et la jeune fille ne se gêna pas pour lui envoyer des coups. Jamais elle ne leur permettrait de leur faire du mal, jamais !
« Si tu t’approches d’eux, je te tuerai ! Je te jure sur ma vie que je le ferai ! »
Rei ricana et il reçut un coup de poing en plein visage. Ca, c’était les inconvénients lorsqu’on éduquait une fille avec des garçons… Il tourna la tête et cracha du sang tout en émettant un petit rire étouffé. Quelle charmante jeune fille ! Toujours aussi douce et tendre !
« Trop tard ma belle, Daisuke-sama est en route… Il ne tardera pas à arriver. Son espion est très compétent, tu sais. »
« Espèce de… »
« Aya ! Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Kyô et Kakéru arrivaient en courant. Ayumi venait d’envoyer un autre coup de poing en plein sur le nez de Rei. Et elle frappait encore et encore, aveuglée par la rage qui brûlait ses entrailles. Elle le haïssait ! Elle les haïssait tous ! Un cri de rage lui échappa et elle se débattit violemment lorsque les deux amis l’empoignèrent de force pour la faire lâcher prise. Finalement, Kyô la ceintura alors que Kakéru retenait Rei qui allait profiter de cet avantage pour frapper Ayumi.
« LÂCHE-MOI ! JE VAIS LE MASACRER ! » Hurla-t-elle à plein poumons.
« Aya, calme-toi ! Arrête ! »
« Aya ? »
Et Rei éclata d’un grand rire. Il cracha au pied de la jeune fille blonde et du sang éclaboussa le bas de son pantalon. Un grognement sonore lui échappa. Oui, elle avait menti sur son identité et elle ne voulait pas que Kyô l’apprenne. En tout cas, pas de la bouche de ce traître !
« LA FERME ! DEGAGE ! PARS, SI NON, je… »
Rei, hilare, s’effondra à moitié dans les bras de Kakéru. Jamais il n’avait autant ri ! Elle, la dure à cuir, avait menti sur son identité ! Elle avait employé ce surnom stupide comme si Kyô était un de ses clients habitués ! C’était pitoyable ! Et elle se disait l’aimer ?! Kakéru, un peu surpris, relâcha légèrement la pression sur le jeune homme. Mais il était tout de même sur ses gardes et n’hésiterait pas à l’immobiliser s’il tentait de fuir.
« Très bien, Aya. Je vais te laisser, mais n’oublie pas mes paroles, hein ? »
Puis, se tournant vers Kakéru :
« Lâche-moi. »
Kyô fit un léger signe de tête à son ami d’enfance. Kakéru relâcha Rei qui, toujours mort de rire, partit dans la direction opposée. Ayumi, quant à elle, se débattait toujours. Elle voulait le frapper, le griffer, l’éviscérer ! Toutes sortes d’idées de torture traversèrent son esprit. Mais Kyô tenait bon. Il finit par l’obliger à se retourner face à lui et il prit son visage entre ses mains.
« Aya, calme-toi ! Je suis là. Il est parti. Que c’est-il passé ? »
Etrangement, les paroles du jeune homme finirent par apaiser la pauvre fille. Elle ferma les yeux et déglutit avec peine alors que l’expression de son visage devenait douloureuse. Daisuke était au courant et il n’allait pas tarder à débarquer. Il ne renonçait pas si facilement à ses « enfants ».
« Kyô, je dois partir. Il va vous faire du mal sinon ! Je suis un danger pour vous ! »
Imperceptiblement, Kyô fit un léger signe de tête à Kakéru pour qu’il les devance et explique à sa mère pourquoi ils seront en retard. Une fois seuls, Kyô emmena Ayumi près d’un banc où il l’obligea à s’asseoir.
« Aya, il faut que tu m’expliques. Depuis que tu es à Tôkyô, je ne sais pratiquement rien de toi, à part ton prénom et où tu habitais avant. Tu ne m’as jamais dit pourquoi je t’avais retrouvée dans ces buissons, couvertes de contusions, et ce qu’on t’avait fait. Pourquoi es-tu partie de Kyôto ? Et qui nous veut du mal ? J’ai besoin de savoir si je veux te protéger ! Et si je veux protéger ma mère… »
Inconsciemment, il serra la jeune fille contre lui, très fort, comme s’il craignait de la voir disparaître à jamais. Il ne voulait pas la voir disparaître comme sa cousine ! Il ne voulait plus jamais souffrir de la sorte ! Il l’aimait trop pour cela. Bien trop… Beaucoup trop…
« Kyô… Tout ce que tu dois savoir… C’est que j’ai souffert là-bas. Tu as très bien vu que j’étais une véritable droguée et que je me prostituais pour pouvoir éviter la crise de manque et me nourrir. J’ai dû quitter cette ville car… J’y ai été malmenée. Et maintenant, ces mêmes personnes m’ont retrouvées. Elles savent que je suis à Tôkyô et elles vont venir. Si elles découvrent que vous êtes ceux qui m’ont hébergée… Ces gens sont capables de vous faire du mal ! Et je ne veux pas ! Alors je dois partir. »
Kyô sentit son cœur se serrer. Il secoua vivement la tête, la mine résolue. Il se leva et prit Ayumi dans ses bras. Il se sentait étrangement confiant, comme s’il savait que rien ne pourrait leur arriver. Il avait une idée en tête. Il savait comment protéger sa mère mais pour cela, il fallait tout lui dire à elle aussi. Et Kakéru… Kyô espérait qu’il comprendrait son choix.
« Aya, je sais comment protéger ma mère. Nous allons quitter cette ville et nous réfugier ailleurs. Ma mère restera à Tôkyô et prétendra qu’elle ignore où nous avons disparus, qu’elle nous a cherché un matin sans nous retrouver. Elle fera même lancer un avis de recherche et nous, de notre côté, nous nous cacherons. Jusqu’à trouver une solution ou… Jusqu’à ce qu’ils nous retrouvent… »
« Mais… Je ne veux pas ! Je refuse que tu prennes autant de risques pour moi ! Je ne le mérite pas. Et si j’ai décidé de partir, c’est pour vous sauver, ta mère et toi, pas pour que tu sois encore plus en danger ! »
« Aya, ma décision est prise. Tu ne me feras pas changer d’avis. Je veux t’aider… Je ne veux pas te perdre… Comme… Ma cousine… J’ai trop souffert de cette perte, alors accepte mon choix. Et puis… Jamais je ne pourrai laisser la personne que j’aime livrée à elle-même. »
Ayumi regarda Kyô. Un bleu commençait à apparaître sur sa joue droite. Elle aussi avait reçu des coups de la part de Rei. Que décider ? Elle était si touchée, si émue par les paroles du jeune homme ! Elle voulait encore refuser, mais elle se mit à sa place. Comment aurait-elle agir ? Elle aurait également décidé de le suivre pour le protéger et le soutenir. Elle aurait protesté s’il avait contesté son choix. Alors elle se tut, sachant qu’il serait inutile de parler. Pour toute réponse, elle prit le visage du jeune homme entre ses mains et elle l’embrassa tendrement. La réponse était assez claire. Il fallait maintenant donner quelques explications à Yama et Kakéru…
« Alors comme ça, elle prend les repas avec vous ? Mais tu ne sais toujours pas pourquoi elle a dû rester alitée si longtemps ? » Demanda Kakéru.
Kyô secoua la tête. Depuis quelques semaines déjà, son esprit était empli par une seule et unique image : celle d’Aya. Il avait beau fermer les yeux, son visage dansait devant lui, inlassablement, sans jamais se dissiper. Il avait bien tenté de repousser ce sentiment qui s’emparait inexorablement de son être, mais il n’y arrivait pas ! Pourquoi Aya l’obsédait-elle autant ? Pourquoi avait-il écouté son ami et lui avait offert ce cadeau ? Il avait simplement écouté son cœur…
« Je n’en sais pas plus que toi. Tu sais, Aya est une fille bien mystérieuse… Je ne connais presque rien d’elle, à part son prénom et l’endroit où elle vivait avant. Je devine simplement que quelqu’un doit lui en vouloir de quelque chose pour qu’elle soit arrivée à Tôkyô dans cet état. »
Kakéru hocha la tête et bâilla. La fin des vacances était toute proche et bientôt, les deux amis reprendraient les cours. Une nouvelle année scolaire débuterait bientôt. Kyô en était un peu accablé car cela signifiait qu’il verrait moins Aya. Pendant les cours, il savait pertinemment qu’il serait distrait par ce doux visage. Mais le monde ne s’arrête pas, même quand on est amoureux ! Il fallut juste qu’il apprenne à faire la part des choses. Même si ce n’était pas du tout de l’ordre de son caractère…
« Toi, tu es complètement accro ! Si tu voyais ta tête quand tu es perdu dans tes pensées ! J’avais bien raison de te faire acheter un cadeau pour elle ! Regarde où ça t’a mené ! Tu es moins coincé avec les filles ! »
Quelques mois plus tôt, Kyô aurait explosé de colère. En ce moment, il souriait d’un air béat, presque stupide. Kakéru était le seul à véritablement le connaître, hormis sa mère. Avec son ami, il avait absolument tout partagé. Mis à part le fait qu’il lui ait avoué un peu tard ce qui est arrivé à sa cousine… Tiens, en pensant à Ayumi, il ne ressentit point son cœur se serrer et les larmes lui piquer les yeux. Aya était-elle en train de le changer ? Il fallait avouer qu’elle lui rappelait un peu Ayumi…
« Kakéru-kun… Pour la première fois de ma vie, je peux dire que je suis amoureux, alors ne viens pas me dire que j’ai une expression complètement stupide lorsque je pense à elle ! Je risquerais de regretter de t’avoir écouté ! »
Kakéru éclata littéralement de rire et envoya une bourrade à son ami d’enfance. Finalement, les deux jeunes hommes se levèrent et abandonnèrent le banc public. La journée s’achèverait bientôt et un bon repas les attendait. N’oublions pas que Yama, la mère de Kyô, est la meilleure cuisinière du monde… Du point de vue de son fils, bien entendu.
+++
De son côté, Ayumi s’était réhabituée à la vie. Elle ne restait plus cloîtrée dans la chambre sombre, à ruminer de mornes pensées. Elle avait peut-être réussi à changer Kyô, mais lui aussi avait éveillé un sentiment étrange en elle. Effrayée par ce que l’avenir pouvait lui réserver si elle s’engageait dans une telle relation, elle avait été tentée de le repousser. Mais comment continuer à le regarder comme si de rien n’était si elle avait suivi son pauvre cerveau ? La vie chez Yama et Kyô aurait été insupportable. Et son cœur lui dictait de lui faire confiance, qu’elle n’avait rien à craindre à ses côtés. Peu à peu, la jeune fille avait changé. Son caractère bien trempé, simple carapace pour masquer sa faiblesse, s’était lézardé pour dévoiler un tempérament plus vulnérable et fragile. Bien entendu, les sautes d’humeur étaient encore fréquentes, mais elle faisait de gros efforts pour les éviter !
Ayumi se promenait depuis quelques heures déjà lorsqu’elle décida de rentrer. La moindre des choses était de ne pas trop tarder car elle voulait se rendre utile et aider la mère de Kyô. Ils avaient tant fait pour elle… Elle se sentait à chaque fois gênée quand ils lui souriaient comme si elle faisait partie de la famille, blaguaient avec elle ou lui demandaient son avis sur tel ou tel sujet. Elle avait l’impression d’avoir enfin trouvé une famille. Mais elle savait que tôt ou tard, elle allait devoir repartir… Elle ne pouvait décemment pas dépendre d’eux toute sa vie ! Ce qu’elle craignait le plus, c’était d’être à nouveau obligée de vendre son corps pour gagner son argent. Ca, elle ne le voulait plus jamais !
« Plutôt mourir que de me prostituer à nouveau… » Marmonna-t-elle pour elle-même alors qu’elle traversait un parc paisible.
« Et comment comptes-tu vivre, dans ce cas, ma chère Ayumi ? »
L’ex prostituée sursauta et se retourna vivement. Bien entendu, elle avait reconnu cette voix. Elle l’aurait reconnue entre mille, voire dix mille. Ayumi se retrouva nez à nez avec Rei, son visage à quelques centimètres du sien. Bien entendu, le jeune homme en profita et il l’embrassa sans vergogne ! Dégoûtée, la jeune fille le repoussa violemment. Son caractère rebelle reprit le dessus et elle posa ses mains sur ses hanches, le toisant de haut. En le poussant, elle lui avait fait perdre l’équilibre. Rei était assis sur le sol.
« Ce n’est pas ton problème, très cher Rei ! Et qu’est-ce que tu fais ici ? Comment m’as-tu retrouvée ? »
Bien entendu, elle savait que Daisuke était dans le coup. Il avait dû donner des informations à Rei pour qu’il l’espionne ! Mais dans ce cas, ça signifiait que… Daisuke pouvait débarquer et la ramener de force à Kyôto ! De plus, s’il découvrait qui était la famille qui l’avait aidée et hébergée, il n’allait pas se gêner de leur en faire payer le prix ! Ayumi ne le permettrait jamais ! Même si elle devait être torturée, subir toutes les douleurs à leur place, alors elle le ferait ! Elle était prête à se sacrifier pour eux, pour leur éviter de souffrir !
« Haha ! Je sais à quoi tu penses… Cela fait des semaines que je t’espionne, Ayu-chan… Tu résides chez cet étudiant qui était en voyage scolaire à Kyôto ! Quand Daisuke arrivera, il sera heureux de te punir, ainsi que ce jeune homme. Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah ! Oui, bien sûr, Kyô… Charmant prénom… »
Ayumi poussa un grognement avant de se jeter sur Rei. Tous deux roulèrent au sol et la jeune fille ne se gêna pas pour lui envoyer des coups. Jamais elle ne leur permettrait de leur faire du mal, jamais !
« Si tu t’approches d’eux, je te tuerai ! Je te jure sur ma vie que je le ferai ! »
Rei ricana et il reçut un coup de poing en plein visage. Ca, c’était les inconvénients lorsqu’on éduquait une fille avec des garçons… Il tourna la tête et cracha du sang tout en émettant un petit rire étouffé. Quelle charmante jeune fille ! Toujours aussi douce et tendre !
« Trop tard ma belle, Daisuke-sama est en route… Il ne tardera pas à arriver. Son espion est très compétent, tu sais. »
« Espèce de… »
« Aya ! Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Kyô et Kakéru arrivaient en courant. Ayumi venait d’envoyer un autre coup de poing en plein sur le nez de Rei. Et elle frappait encore et encore, aveuglée par la rage qui brûlait ses entrailles. Elle le haïssait ! Elle les haïssait tous ! Un cri de rage lui échappa et elle se débattit violemment lorsque les deux amis l’empoignèrent de force pour la faire lâcher prise. Finalement, Kyô la ceintura alors que Kakéru retenait Rei qui allait profiter de cet avantage pour frapper Ayumi.
« LÂCHE-MOI ! JE VAIS LE MASACRER ! » Hurla-t-elle à plein poumons.
« Aya, calme-toi ! Arrête ! »
« Aya ? »
Et Rei éclata d’un grand rire. Il cracha au pied de la jeune fille blonde et du sang éclaboussa le bas de son pantalon. Un grognement sonore lui échappa. Oui, elle avait menti sur son identité et elle ne voulait pas que Kyô l’apprenne. En tout cas, pas de la bouche de ce traître !
« LA FERME ! DEGAGE ! PARS, SI NON, je… »
Rei, hilare, s’effondra à moitié dans les bras de Kakéru. Jamais il n’avait autant ri ! Elle, la dure à cuir, avait menti sur son identité ! Elle avait employé ce surnom stupide comme si Kyô était un de ses clients habitués ! C’était pitoyable ! Et elle se disait l’aimer ?! Kakéru, un peu surpris, relâcha légèrement la pression sur le jeune homme. Mais il était tout de même sur ses gardes et n’hésiterait pas à l’immobiliser s’il tentait de fuir.
« Très bien, Aya. Je vais te laisser, mais n’oublie pas mes paroles, hein ? »
Puis, se tournant vers Kakéru :
« Lâche-moi. »
Kyô fit un léger signe de tête à son ami d’enfance. Kakéru relâcha Rei qui, toujours mort de rire, partit dans la direction opposée. Ayumi, quant à elle, se débattait toujours. Elle voulait le frapper, le griffer, l’éviscérer ! Toutes sortes d’idées de torture traversèrent son esprit. Mais Kyô tenait bon. Il finit par l’obliger à se retourner face à lui et il prit son visage entre ses mains.
« Aya, calme-toi ! Je suis là. Il est parti. Que c’est-il passé ? »
Etrangement, les paroles du jeune homme finirent par apaiser la pauvre fille. Elle ferma les yeux et déglutit avec peine alors que l’expression de son visage devenait douloureuse. Daisuke était au courant et il n’allait pas tarder à débarquer. Il ne renonçait pas si facilement à ses « enfants ».
« Kyô, je dois partir. Il va vous faire du mal sinon ! Je suis un danger pour vous ! »
Imperceptiblement, Kyô fit un léger signe de tête à Kakéru pour qu’il les devance et explique à sa mère pourquoi ils seront en retard. Une fois seuls, Kyô emmena Ayumi près d’un banc où il l’obligea à s’asseoir.
« Aya, il faut que tu m’expliques. Depuis que tu es à Tôkyô, je ne sais pratiquement rien de toi, à part ton prénom et où tu habitais avant. Tu ne m’as jamais dit pourquoi je t’avais retrouvée dans ces buissons, couvertes de contusions, et ce qu’on t’avait fait. Pourquoi es-tu partie de Kyôto ? Et qui nous veut du mal ? J’ai besoin de savoir si je veux te protéger ! Et si je veux protéger ma mère… »
Inconsciemment, il serra la jeune fille contre lui, très fort, comme s’il craignait de la voir disparaître à jamais. Il ne voulait pas la voir disparaître comme sa cousine ! Il ne voulait plus jamais souffrir de la sorte ! Il l’aimait trop pour cela. Bien trop… Beaucoup trop…
« Kyô… Tout ce que tu dois savoir… C’est que j’ai souffert là-bas. Tu as très bien vu que j’étais une véritable droguée et que je me prostituais pour pouvoir éviter la crise de manque et me nourrir. J’ai dû quitter cette ville car… J’y ai été malmenée. Et maintenant, ces mêmes personnes m’ont retrouvées. Elles savent que je suis à Tôkyô et elles vont venir. Si elles découvrent que vous êtes ceux qui m’ont hébergée… Ces gens sont capables de vous faire du mal ! Et je ne veux pas ! Alors je dois partir. »
Kyô sentit son cœur se serrer. Il secoua vivement la tête, la mine résolue. Il se leva et prit Ayumi dans ses bras. Il se sentait étrangement confiant, comme s’il savait que rien ne pourrait leur arriver. Il avait une idée en tête. Il savait comment protéger sa mère mais pour cela, il fallait tout lui dire à elle aussi. Et Kakéru… Kyô espérait qu’il comprendrait son choix.
« Aya, je sais comment protéger ma mère. Nous allons quitter cette ville et nous réfugier ailleurs. Ma mère restera à Tôkyô et prétendra qu’elle ignore où nous avons disparus, qu’elle nous a cherché un matin sans nous retrouver. Elle fera même lancer un avis de recherche et nous, de notre côté, nous nous cacherons. Jusqu’à trouver une solution ou… Jusqu’à ce qu’ils nous retrouvent… »
« Mais… Je ne veux pas ! Je refuse que tu prennes autant de risques pour moi ! Je ne le mérite pas. Et si j’ai décidé de partir, c’est pour vous sauver, ta mère et toi, pas pour que tu sois encore plus en danger ! »
« Aya, ma décision est prise. Tu ne me feras pas changer d’avis. Je veux t’aider… Je ne veux pas te perdre… Comme… Ma cousine… J’ai trop souffert de cette perte, alors accepte mon choix. Et puis… Jamais je ne pourrai laisser la personne que j’aime livrée à elle-même. »
Ayumi regarda Kyô. Un bleu commençait à apparaître sur sa joue droite. Elle aussi avait reçu des coups de la part de Rei. Que décider ? Elle était si touchée, si émue par les paroles du jeune homme ! Elle voulait encore refuser, mais elle se mit à sa place. Comment aurait-elle agir ? Elle aurait également décidé de le suivre pour le protéger et le soutenir. Elle aurait protesté s’il avait contesté son choix. Alors elle se tut, sachant qu’il serait inutile de parler. Pour toute réponse, elle prit le visage du jeune homme entre ses mains et elle l’embrassa tendrement. La réponse était assez claire. Il fallait maintenant donner quelques explications à Yama et Kakéru…
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